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Tunisie : face à la crise, patrons et salariés condamnés à s’entendre

L’UGTT et l’Utica, les deux plus anciennes et plus importantes organisations nationales en Tunisie, savent qu’elles peuvent avoir, de temps en temps, des sautes d’humour voire de sérieux clashs mais les nuages finissent toujours par se dissiper car, comme dans un vieux couple, elles sont condamnées à vivre ensemble.

Par Imed Bahri

Le dernier clash en date eut lieu lors de la dernière grève décrétée par l’Union régionale du travail de Sfax, le 28 octobre, dans le secteur privé pour revendiquer de nouvelles hausses salariales. Ce mouvement a eu lieu au moment où la plupart des entreprises passent par des moments difficiles, si elles n’ont pas carrément fermé leurs portes, condamnant au chômage des dizaines de milliers de salariés, en raison de la crise sévissant dans le pays depuis 2011, qui a été aggravée par les conséquences de la pandémie de Covid-19 et dont on ne voit même pas encore l’issue.

Des communiqués incendiaires et des déclarations emportées des deux côtés ont failli jeter de l’huile sur le feu, mais les passions se sont très vite calmées et les dirigeants des deux organisations ont repris langue, sachant que la situation générale dans le pays, explosive à plus d’un titre, ne saurait supporter une guéguerre où les deux parties auraient beaucoup à perdre.

La rupture redoutée a donc finalement été évité de justesse et les retrouvailles ont enfin été scellées vendredi 5 novembre, lors d’une réunion entre le président de l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (Utica), Samir Majoul, et le secrétaire général de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), Nourredine Taboubi, au siège de l’organisation patronale, pour souligner d’une même voix «la nécessité de travailler ensemble à l’achèvement des négociations salariales dans le secteur privé dans les plus brefs délais, afin de créer un climat social sain».
Si les dirigeants syndicaux ont fait valoir l’argument de la hausse de l’inflation et de la baisse du pouvoir d’achat des salariés pour faire admettre, par le patronat, la nécessité d’une nouvelle augmentation salariale, qui sera discutée secteur par secteur, la crise n’ayant pas affecté tous les secteurs avec la même ampleur, la direction patronale a fait valoir ses revendications relatives à l’amélioration du climat de l’investissement et à la préservation de la pérennité des entreprises et des emplois.

«La hausse des salaires aurait un sens si les revenus de l’entreprise s’amélioraient, et cela est tributaire de la reprise économique et de l’augmentation de la productivité», déclare à ce propos, un homme d’affaires, qui souligne l’urgence de mettre en œuvre les réformes structurelles dont l’économie tunisienne, en fin de cycle et à bout de souffle, a vivement besoin et qui ne sauraient être retardées davantage.

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