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Le poème du dimanche :  »Contre-jour » de Mohammed Dib

Voix majeure du Maghreb et de l’espace francophone, l’écrivain algérien, Mohammed Dib, davantage connu pour ses romans, n’en reste pas moins important poète. Il est facile de dire que la poésie traverse presque toute son œuvre, qui commence à paraître dès 1952, aujourd’hui, largement reconnue et récompensée de nombreux prix littéraires.

Chant de la terre, exil, amour, paysages, quête de la beauté, attention aux éléments de la nature, lieux intimes et horizons inattendus, découverte de nouveaux espaces, ouverture sur le monde, sous-tendent une écriture qui évolue vers l’essentiel, dans une syntaxe volontairement elliptique, loin des facilités courantes. Pleinement installée dans la modernité poétique.

Né à Tlemcen en 1920, Mohammed Dib est poète, romancier, nouvelliste, auteur dramatique, auteur de contes. Il exerça de nombreux métiers et fonctions, interprète, instituteur, journaliste, professeur… Il s’installe dans la région parisienne. Effectue de longs séjours en Finlande. Il décède à la Celle-Saint Cloud, en 2003. Ses archives ont été confiées à la Bibliothèque Nationale de France.

Parmi ses recueils de poésie (en français): Ombre gardienne, Gallimard, 1961; Formulaires, Seuil, 1970; Omneros, Seuil, 1975; Feu beau feu, seuil, 1979; L’enfant jazz, La Différence, 1998; Le cœur insulaire, La Différence, 2000. Poésies, Œuvres complètes, édition critique par Habib Tengour, La Différence. 2007.

Tahar Bekri

Les oiseaux apparaissent,

S’allume une flamme

Et c’est la femme;

Sans nom ni liens ni voile,

Errant les yeux clos,

La femme couverte de la fraîcheur de la mer.

Mais brusquement les oiseaux réapparaissent

Et s’allonge cette flamme

Plus qu’entr’aperçue au fond de la chambre.

Et c’est la mer,

La mer aux bras endormants portant le soleil,

Ni orient ni nord, ni obstacle ni barre, la mer;

Rien que la mer ténébreuse et douce

Tombée des étoiles, témoin des mutilations du ciel,

Solitude, pressentiments, chuchotis,

Rien que la mer,

Les yeux éteints,

Sans vague ni vent ni voile.

Brusquement les oiseaux réapparaissent;

Et c’est la femme,

Ni étoile ni rêve, ni geyser ni roue, la femme.

Les oiseaux reviennent;

Et rien que la mer.

Ombre gardienne, 2003.

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