Fadhel Abdelkefi, président du parti Afek Tounes, semble avoir tiré des leçons de ses erreurs passées et cherche aujourd’hui à changer de méthode, de style et de discours, en privilégiant le contact direct avec les Tunisiens dans les régions et le parler-vrai, quitte à dire les vérités qui fâchent. L’UGTT vient de faire les frais de ce changement…
Par Ridha Kefi
Intervenant hier, mercredi 25 novembre 2021, dans la matinale de Shems FM, Fadhel Abdelkefi, président d’Afek Tounes, a défendu, pour la première fois aussi clairement, la privatisation des entreprises publiques opérant dans les secteurs concurrentiels et critiqué, en filigrane, l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), qui s’oppose fermement à toute forme de privatisation des entreprises publiques, où il recrute l’essentiel de ses troupes. Ce n’est donc pas par principe qu’il s’oppose à la privatisation, mais par calcul opportuniste et aux dépens des intérêts supérieurs de la nation.
L’hypcrisie et l’opportunisme de l’UGTT
«J’ai décidé de ne plus chercher à plaire», a lancé M. Abdelkefi, laissant entendre qu’il avait jusque-là évité de dire les vérités aussi crûment que nécessaire quitte à déplaire à certaines parties, car c’est le sort du pays qui est en jeu. «Je suis malade. Je suis écoeuré par la situation très difficile où se trouve aujourd’hui la Tunisie, alors qu’il est possible de la sauver du scénario libanais qui se profile sérieusement à l’horizon», a déclaré le président d’un parti à vocation libérale et qui a beaucoup cherché, jusque-là, à avancer masqué, en sacrifiant au populisme ambiant et en évitant de défendre clairement ses options économiques.
Dans ce cadre, et tout en défendant la nécessité de privatiser les entreprises publiques opérant dans les secteurs concurrentiels, comme la banque et finance, la production et la distribution du tabac ou encore la distribution des hydrocarbures, M. Abdelkefi a critiqué, à demi-mot, l’UGTT qui s’est opposé, jusque-là, à toute tentative de privatisation des entreprises publiques, alors que la plupart d’entre elles sont mal gérées, déficitaires et coûtent très cher aux contribuables.
«L’Etat doit faire exactement comme l’UGTT, qui a cédé aux privés un hôtel situé dans la banlieue nord de Tunis, les assurances Al-Ittihad et même, plus récemment, le siège social hyper-moderne qu’il a construit récemment à Tunis. La centrale syndicale a aussi réduit le nombre de ses employés pour faire pression sur sa masse salariale», a rappelé Fadhel Abdelkefi, en ajoutant avec une ironie assassine : «L’Etat doit prendre pour exemple l’UGTT», en laissant entendre que Noureddine Taboubi et ses camarades, qui ne cessent d’affirmer que la privatisation des entreprises publiques est une ligne rouge, se contredisent en interdisant à l’Etat ce qu’ils se permettent eux-mêmes.
Changement de cap ou posture passagère ?
Le président d’Afek Tounes, qui ne craint plus de faire grincer quelques dents, a reproché aussi, au passage, à l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (Utica) son lourd silence sur certaines graves problèmes de l’économie tunisienne, notamment celui des déficits accumulés par les entreprises publiques, dont les dettes envers les acteurs privés s’accumulent. Selon lui, l’organisation patronale est très timorée quant il s’agit de défendre clairement la privatisation des entreprises publiques opérant dans les secteurs concurrentiels.
M. Abdelkefi, qui vient d’être élu président d’Afek Tounes, semble avoir tiré des leçons de ses erreurs passées et cherche aujourd’hui à changer de méthode, de style et de discours, en privilégiant le contact direct avec les Tunisiens dans les régions et le parler-vrai, quitte à dire les vérités qui fâchent. Sage décision s’il en est, encore faut-il qu’il aille jusqu’au bout dans ce projet de changement de cap, et ne pas revenir en courant au péché mignon des politiques tunisiens qui cherchent toujours à être agréable à tout le monde. Or, comme le disait l’ancien président états-uniens, Benjamin Franklin (1706 -1790) : «Beaucoup de chemins mènent à la réussite, mais un seul mène immanquablement à l’échec, celui qui consiste à tenter de plaire à tout le monde.»
Articles liés :
Quand Fadhel Abdelkefi se dit «déçu» par Nabil Karoui !
Pour ou contre Fadhel Abdelkefi : Les opinions sont trop tranchées !
Les ambitions contrariées de Fadhel Abdelkefi
Donnez votre avis