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Les ambitions contrariées de Fadhel Abdelkefi

Que retenir de la participation de Fadhel Abdelkefi, récemment élu président du parti Afek Tounes, au talkshow politique ‘‘Wahch Echacha’’, dimanche soir, 27 décembre 2020, sur Attessia TV, sinon les ambitions démesurées et fièrement affichées par ce quinquagénaire BCBG venu très tardivement à la politique ?

Par Imed Bahri

L’homme d’affaires, riche héritier et tunisois de souche, ce dont il est visiblement fier (il compte parmi ses aïeuls trois muftis de la république, dont il a tenu à rappeler les noms), a vu son nom souvent cité et proposé pour présider le gouvernement, au cours des derniers mois, mais sans être finalement retenu par le président de la république Kaïs Saïed. Et pour cause, ce professeur de droit constitutionnel, un peu rigide sur les bords, se méfie beaucoup des hommes d’affaires et M. Abdelkefi a toujours affiché sa proximité avec Nabil Karoui, homme d’affaires comme lui et adversaire de M. Saïed au second tour de la présidentielle.

Une image trop brouillée

En faisant une OPA sur Afek Tounes, ce fils de bonne famille BCBG venu très tardivement à la politique se donne pour ambition d’imposer son parti aux municipales de 2023 et aux législatives de 2024. Et pour dissiper le malentendu sur sa proximité avec Ennahdha, qui brouille grandement son image et ternit sa réputation, M. Abdelkefi a tenu à souligner la responsabilité du parti islamiste, au pouvoir depuis 2011, dans la crise actuelle en Tunisie, et à afficher son appartenance à la famille moderniste, celle de Bourguiba et des Destouriens.

Le président d’Afek Tounes serait, comme il le dit lui-même, plus proche de Abir Moussi, présidente du Parti destourien libre (PDL), même s’il ne partage pas son sectarisme, que d’Ennahdha ou même de Qalb Tounes, parti dont il a élaboré, avec d’autres experts, le programme socio-économique, mais auquel il n’a jamais appartenu, a-t-il insisté.

Pragmatisme ou opportunisme ?

Une telle position se comprend aisément : le président de Qalb Tounes, Nabil Karoui, a été incarcéré, la semaine écoulée, dans le cadre d’une enquête judiciaire pour évasion fiscale, corruption financière et blanchiment d’argent. Et M. Abdelkefi ne peut plus afficher son amitié pour lui comme il le faisait il y a seulement quelques mois. Samir El-Wafi, qui aime bousculer ses invités, lui balancera d’ailleurs à la figure le mot infamant d’«opportunisme politique».

Mais il en faut plus pour déstabiliser le président d’Afek Tounes, qui dit se méfier des positions idéologiques et préfère parler de «pragmatisme» et énumérer les réformes qu’il aimerait pouvoir mettre en route pour sortir la Tunisie de la crise où elle se morfond depuis 2011. Il aurait aimé orienter le débat dans cette direction, où se situe sa zone de confort, mais la discussion s’est égarée dans les méandres de la politique politicienne. Et l’hôte de la soirée en a visiblement été agacé. D’ailleurs, ses réponses aux dernières questions étaient lapidaires et expéditives. Le cœur n’y était plus.

Bref, l’émission, censée lui servir de tremplin pour le repositionner, lui et son parti, dans les sondages d’opinion, n’a pas atteint le but recherché et s’est même terminée en queue de poisson.

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