Le collectif Tunisia Animals Voice vient de lancer une pétition contre la maltraitance animale en Tunisie pour demander le soutien des autorités et du public à la cause animale dans notre pays. Une loi très ancienne existe mais elle ne protège que les animaux domestiques. L’objectif du collectif est de l’amender afin de la durcir et de sécuriser ainsi tous les animaux, des «êtres sans voix». Nous reproduisons ci-dessous cette pétition sous forme de lettre au président de la république Kais Saied.
A l’heure où le pays a le regard tourné vers vous, en attente de toutes les décisions courageuses que vous aurez à prendre ces prochaines semaines pour faire de la Tunisie un peuple qui retrouve ses valeurs et sa dignité, afin de bâtir le socle de la société de demain.
Nous nous permettons de vous interpeller, conscients de la multitude de préoccupations qui vous assaillent. Notre requête est portée par un souci de construire une société plus humaine et plus juste pour tous les êtres vivants qui la composent.
Au mois de mai 2021, le Comité des droits de l’enfant de l’Onu a sollicité le gouvernement tunisien, sur demande de l’Ong European Link Coalition, dont l’objectif est de protéger l’enfant soumis à la violence infligée aux animaux : «Il s’agit de protéger l’enfant en protégeant l’animal».
Le 27 mai 2021, le gouvernement a répondu à la question du Comité sur le traumatisme que représente, pour les enfants la vision de l’abattage des chiens errants, sa réponse a fait l’objet d’une parution le 1er juin 2021 dans un rapport du Comité.
Nous attirons votre attention sur la situation en Tunisie. Les abattages de chiens errants continuent dans la majorité des municipalités. Les animaux, faute de politique globale de stérilisation, prolifèrent et meurent dans les rues, dans des conditions misérables et inacceptables. Les cas de maltraitances et de tortures s’intensifient et restent impunis.
Les associations, refuges et individus bénévoles isolés n’arrivent plus à faire face, par manque de place et de moyens financiers. Tous sont dans un état d’épuisement physique et psychique total. Cette situation est devenue insupportable et révoltante !!!
Gandhi a dit : «On reconnaît la valeur d’un peuple à la façon dont il traite ses animaux». Or, la manière dont nous traitons nos animaux est innommable de cruauté et d’inhumanité !!! Des images et vidéos macabres tournent en masse sur les réseaux sociaux et de protection animale. Les Tunisiens sont décrits, aux yeux du monde, comme des personnes violentes envers les animaux et dénués de sentiments et de compassion, capables d’actes barbares d’un autre temps :
– abattages durant la nuit, citoyens et enfants réveillés par le bruit des détonations, suivi des cris de détresse et de douleur des chiens;
– chiens attachés toute leur vie à un mètre de corde, pratiquement sans eau ni nourriture;
– bébés chats et chiens jetés dans la rue ou, pire encore, dans les poubelles ;
– d’autres, errants, livrés à eux-mêmes, affamés et malades;
– animaux accidentés et non secourus durant des jours, agonisant au bord des routes;
– animaux en état de décomposition dans les rues;
– combats de chiens organisés par de jeunes adolescents, avec les dégâts psychologiques induits par ce genre de pratiques;
– maltraitances, tortures en tous genres…
Cette image de la Tunisie nuit grandement au pays, notamment au tourisme, de nombreuses personnes étant de plus en plus sensibles à la cause animale à travers le monde.Le triste spectacle de la misère et de la souffrance animale, banalisé par les adultes dont les parents, est délétère pour la construction psychique de l’enfant, cet être en devenir qui sera demain, ce citoyen aux commandes de notre société. Cet individu, n’ayant pas reçu les bons signaux depuis la base, ne pourra répondre aux valeurs respectables que vous prônez qui sont justice, égalité, intégrité dans les paroles et les actes, honnêteté et empathie envers autrui et pour tout être vivant.
Toutes ces valeurs qui feront de la Tunisie un pays moderne et tourné vers l’avenir, digne de respect, riche de son passé historique et reconnu comme tel par la Communauté Internationale; ces valeurs s’étant malheureusement effritées ces dernières années.
Nous sommes absolument solidaires de votre vision mais elle ne doit pas occulter la préoccupation d’une bonne partie de votre peuple et des citoyens à travers le monde qui aiment ce pays, notre Tunisie. C’est la raison pour laquelle nous sollicitons votre bienveillance pour améliorer la vie et le confort de ces êtres sensibles que sont les enfants et les animaux. Ces deux préoccupations sont intimement liées, de nombreuses études à ce sujet ayant prouvé l’impact de la violence faite aux animaux sur les enfants : «Il existe donc des relations de cause à effet et entre des expériences de cruautés et de violences subies ou vécues durant l’enfance, et des comportements ultérieurs violents et cruels, comme si existait des sortes de cicatrices neuronales souvent indélébiles», comme le déclare Jean-Claude Nouët, président de la Fondation Ligue française des droits de l’animal, médecin, biologiste, professeur des universités, vice-doyen honoraire de la Faculté de médecine Pitié-Salpêtrière.
A quand une loi de protection animale en Tunisie, seul moyen de protéger les animaux et les enfants ?
A quand la fin des abattages et un programme national de stérilisation et de vaccination des animaux errants, en généralisant sur tout le territoire la méthode TNR (Trap-Neuter-Release), stratégie recommandée par l’OMS?
A quand une obligation, voire une réelle incitation pour les propriétaires, de stériliser et vacciner leurs animaux de compagnie ?
A quand une éducation éthique animale en introduisant la notion de respect des animaux dans les programmes scolaires ? Car, comme l’a dit Caroline Earle White (pionnière du bien-être animal aux États-Unis) : «Apprenez à un enfant à ne pas être cruel avec les animaux et vous lui apprendrez l’un des principes de base de la condition humaine».
Œuvrons ensemble pour stopper la maltraitance animale, nos enfants et les animaux vivant sur le sol tunisien méritent protection, respect et dignité.
Sachez, monsieur le président, que notre pétition qui a obtenu à ce jour 45.965 signatures et demandant les amendements à la loi, a été remise le 14 juin 2021 à monsieur le député Farès Blel qui nous soutient dans cette démarche et qui a travaillé sur le projet, avec son équipe, durant toute cette année 2021.
Cette pétition a été partagée, signée, et soutenue très largement à l’international. Vous comprendrez que le monde est suspendu à votre décision de faire, enfin, évoluer les choses. Dans cette pétition, nous demandons de faire référence à la Déclaration universelle des droits de l’animal.
Monsieur le président, nous vous remercions de prendre en compte notre requête, nous demeurons dans l’attente de votre réponse, que nous souhaitons ardemment favorable.
Nous vous prions d’agréer, monsieur le président, l’expression de notre respectueuse considération.
«Toute œuvre de bien que vous accomplirez pour un animal vous sera comptée et vous en serez rétribués» (Boukhârî).
Donnez votre avis