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Washington attend «un processus de réforme transparent et inclusif» en Tunisie

Les Etats-Unis, qui sont très attachés à la stabilité de la Tunisie, située dans une région du monde qui ne manque pas de foyers de tension, évitent de présumer du résultat des réformes constitutionnelles et institutionnelles préconisées par le président Kaïs Saïed. Mais ils restent sceptiques et attendent de voir où le remue-ménage politique que ce dernier a provoqué, le 25 juillet dernier, va finalement mener le pays, avant de juger de la crédibilité et de l’utilité du processus qu’il a lancé, dans un contexte de grave crise financière, économique et sociale.

Par Imed Bahri

Dans une communiqué publié hier mardi 14 janvier 2021, le département d’Etat américain se félicite de «l’annonce par le président Saïed d’un calendrier décrivant une voie pour la réforme politique et les élections parlementaires», tout en attendant «avec impatience un processus de réforme qui soit transparent et inclusif des diverses voix politiques et de la société civile.»

Le Département d’Etat ajoute que les États-Unis soutiennent «les aspirations du peuple tunisien à un gouvernement efficace, démocratique et transparent qui protège les droits et les libertés» et que Washington reste attaché au partenariat américano-tunisien.

La popularité du président plaide pour lui

Le Département d’Etat réagissait ainsi à l’annonce par le président Kaïs Saïed, la veille, d’un calendrier de réformes constitutionnelles et institutionnelles, qui devraient aboutir à l’élection d’une nouvelle assemblée, le 17 décembre 2022, sur la base d’un nouvelle Constitution et de nouvelles lois (électorale, sur les partis, sur les associations, sur les médias et sur les sondages) censées préserver la transparence et la crédibilité des élections dans toutes les étapes de leur déroulement.

Ce sont cette transparence et cette crédibilité qui ont manqué au cours des dix dernières années, où la démocratie de façade instaurée, sous la férule des islamistes du parti Ennahdha, par des lois et des institutions taillées sur mesure, a fait le lit de l’instabilité, du terrorisme, de la corruption et de la faillite de l’Etat. C’est ce que ne cesse d’expliquer Kaïs Saïed pour justifier son action de refondation de l’Etat, qui, faut-il le rappeler, bénéficie (encore) d’un très fort soutien populaire que conforte les résultats de tous sondages de popularité effectués depuis le 25 juillet.

En d’autres termes, Kaïs Saïed, n’en déplaise à ses détracteurs dont le nombre ne cesse de s’accroître jour après jour, bénéficie encore d’un avis favorable auprès des principaux partenaires de la Tunisie qui, comme les Etats-Unis, ne lui livrent pas cependant un blanc seing et préfèrent attendre et juger de la suite de ses actions réformistes.

Ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain

Le communiqué du Département d’Etat montre que les Etats-Unis, qui sont très attachés à la stabilité de la Tunisie, située dans une région du monde qui ne manque pas de foyers de tension, préfèrent pour le moment ne pas présumer du résultat des réformes constitutionnelles et institutionnelles préconisées par le président Kaïs Saïed. Mais ils demeurent sceptiques et attendent de voir où le remue-ménage politique que ce dernier a provoqué, le 25 juillet dernier, par le limogeage du chef du gouvernement et le gel des travaux de l’Assemblée, va finalement aboutir avant de juger de la crédibilité et de l’utilité de tout le processus ainsi lancé, qui plus est, dans un contexte de grave crise financière, économique et sociale.

La marge de manœuvre dont dispose le président Saïed préfigure les énormes difficultés auxquelles il va faire face au cours des douze prochains mois. Aussi les partenaires de la Tunisie, dont la gêne est évidente, préfèrent-ils temporiser et ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain. Et pour cause, les espoirs que le locataire du palais de Carthage, aussi populaire que populiste, incarne aux yeux de son peuple ne devraient pas être déçus. Aussi aimeraient-ils laisser le temps au temps et ne pas se comporter comme des rabat-joie. «Attendons voir…», semblent-ils dire.

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