Pour beaucoup, ce titre un peu surprenant relève de la pure science-fiction, alors, qu’on a souvent tendance à négliger, par oubli ou par ignorance, que les concepts clés du net, le cyberespace et le metaverse, sont issus directement de prédictions contenues dans de célèbres œuvres de science-fiction.
Par : Mahjoub Lotfi Belhedi *
En effet, c’est un roman de science-fiction, en l’occurrence «Neuromancier» William Gibson, qui avait imaginé, dès 1984, «un monde complexe et dangereux (cyberespace), issu de l’interconnexion planétaire de millions d’ordinateurs où des hackeurs sans scrupules pénètrent à distance des serveurs, des virus fabriqués dans des laboratoires militaires».
Idem pour le concept de metaverse largement inspiré du roman de Neal Stephenson «Le samouraï virtuel» paru en 1992, qui présage «un monde apocalyptique dans lequel un grand industriel a mis au point un monde virtuel appelé “metaverse” où les utilisateurs se rendent sous la forme d’avatars pour échapper au monde réel, envahi par les mafias, l’insécurité et la corruption…».
I- D’une science-fiction à une science de la fiction
En fait, le rythme d’ascension supersonique des nouvelles technologies rend les lignes de démarcation entre le high-tech et la science-fiction difficiles à identifier où l’univers littéraire et artistique de la science-fiction ne cesse, désormais, de revendiquer le statut d’une science de la fiction possible et futuriste !
Après une longue hibernation, l’intelligence artificielle (IA) du troisième millénaire passe à la vitesse supérieure via le deep learning (l’apprentissage profond) et l’informatique quantique pour écrire une nouvelle grille de l’histoire inaugurant le déclenchement d’un processus, quasi-irréversible, de l’éclipse de l’espèce humaine…
II- M-Ève ou Ève en version numérique
A l’instar du conflit existentiel entre le Néandertal et l’Homo-sapiens, l’homo-connectus (l’internaute d’aujourd’hui) livre sa dernière bataille avant d’être remplacé par un méta-sapiens aux multiples contours et configurations, ingénieusement façonné et remodelé par une IA profondément consciente et en pleine mutation !
Effectivement, si le monde de l’IA ne cesse de nous surprendre par ses prouesses et exploits en donnant lieu á une nouvelle génération d’IA semi-consciente á l’instar du robot QBO mis en compétition par Darpa (agence relevant du département américain de défense spécialisée dans la conception des projets de recherche avancée de défense) et ses pairs robotics NAO initiés par la startup française Aldebaran Robotics, la science de la fiction prédit d’ici 2045 la création d’une IA totalement consciente baptisée M-Ève (contraction du mot machine et du nom de la mère symbolique de l’humanité, Ève) incarnant les traits caractéristiques révolutionnaires suivants : un potentiel de mémorisation phénoménale, une puissance de calcul sans équivalent, une capacité d’analyse vertigineuse et une boulimie de savoir…
Décidément, faute d’un consensus international d’encadrement éthique de l’IA – doublé par une interconnexion de plus en plus intensive entre les sciences cognitives et l’IA –, nous serons le Néandertal de demain !
* Spécialiste en réflexion stratégique.
Articles du même auteur dans Kapitalis :
Vers une géopolitique aux ondes covidiennes !
De l’homo-sapiens au meta-sapiens !
Meta-verse ou Meta-diversion ?
Donnez votre avis