La Tunisie se porte aujourd’hui très mal. Sa descente en enfers a commencé en 2011 et elle se poursuit, avec une économie en panne, des finances publiques désastreux, la faillite du système éducatif, l’analphabétisme, le décrochage scolaire, la crise des déchets, le chômage de masse, la crise migratoire structurelle… Les gouvernants se succèdent depuis plus de dix ans et aucun ne se préoccupe de ces problèmes et enjeux vitaux de la Tunisie, de leur résolution, du redressement du pays et de lui donner une ambition afin de pouvoir résister dans un environnement régional et international extrêmement compétitif et exigeant.
Par Chedly Mamoghli *
Économie en panne depuis plus de 10 ans, état catastrophique des finances publiques, chômage de masse, paupérisation de la classe moyenne (longtemps considérée comme la colonne vertébrale de la Tunisie), creusement des inégalités sociales et territoriales, aggravation du fléau de la corruption, taux d’analphabétisme atteignant 18% des Tunisiens dû au décrochage scolaire massif atteignant plus de 110 000 élèves par an, détérioration du niveau scolaire avec un enseignement en faillite totale (les notions de base, lire, écrire et compter, ne sont pas garanties à la sortie de l’école, sans parler du niveau faible dans les langues, etc.)…
Crise environnementale et casse-tête migratoire
A tous ces problèmes s’ajoutent celui de la gestion des déchets qui va s’aggraver et se généraliser à tout le pays si rien n’est fait pour le résoudre, ou encore celui de la pression migratoire devenu doublement structurel vu que la Tunisie est à la fois un pays d’origine des migrants (dont le nombre ne cesse de s’accroître et n’est pas prêt à retomber, eu égard la situation socio-économique catastrophique du pays) mais aussi un pays de transit pour les migrants subsahariens, sachant que ces flux migratoires ne pourront plus être contenus étant donné l’explosion démographique dans les pays du Sahel, le réchauffement climatique qui va les rendre encore plus invivables, la multiplication des foyers du terrorisme international et l’affaiblissement des États gangrenés par la corruption et incapables de contrôler tout leur territoire. En tant que pays de transit, la Tunisie va beaucoup pâtir de cette explosion des flux migratoires car elle ne peut pas contenir les migrants en provenance de tout le continent.
Pour ne rien arranger, les responsables tunisiens n’arrivent pas à expliquer à leurs homologues européens, qui ne cessent de mettre la pression sur eux, la complexité de cette situation que leur pays subit et face à laquelle ils restent désarmés, faute de moyens.
Un pays sans vision, sans prospection et sans planification
De plus, et ce qui est vraiment fatal, c’est qu’à l’heure où chaque pays fait de la prospective, œuvre et planifie son avenir dans un environnement régional et international très compétitif et où ne pas évoluer c’est mourir à petit feu, nos gouvernants et responsables politiques se comportent comme si on vivait seul au monde, ne tenant pas compte de cette donnée essentielle. Ils ne s’occupent pas vraiment des problèmes de la Tunisie ni ne montrent la moindre ambition pour leur pays, en l’absence d’une vision claire des moyens disponibles et des opportunités offertes. Tout ce que doit avoir un gouvernant, ils ne l’ont pas…
Aucun gouvernant depuis 2011 ne s’est occupé de tous les problèmes et enjeux vitaux auxquels la Tunisie est confrontée. Ils ne s’occupent que des faux-problèmes pour faire diversion, détourner l’attention des électeurs et les tromper afin d’accéder au pouvoir ou de s’y maintenir, sans rien apporter de positif ou de constructif. Et ça continue ainsi…
Aucun gouvernant ne s’est occupé ou ne se préoccupe de l’essentiel dans un pays où, bientôt, tout va commencer à manquer. Aucun gouvernant ne s’est préoccupé ou ne se préoccupe des enjeux vitaux. Aucun gouvernant n’a fait et ne fait du redressement du pays et de son décollage une priorité. Aucun d’eux ne s’est attelé et ne s’attelle à bâtir un pays solide, fier et compétitif.
La Tunisie sombre; elle est à la dérive et tout ses enfants, et surtout ses gouvernants, regardent ailleurs.
* Juriste.
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