Parlons peu, parlons bien. Ce que j’écris ici n’est pas destiné aux idiots utiles adeptes de la partisannerie aveugle qu’ils soient de tel ou tel camp. Les moutons de Panurge peuvent aller brouter ailleurs. Il s’agit d’une analyse objective de la situation en Tunisie qui n’est surtout pas destinée aux excités des deux bords.
Par Chedly Mamoghli *
1) Les islamistes, crypto-islamistes et leur cinquième colonne peuvent continuer leur guerre d’usure contre le président Kaïs Saïed; ils ne reviendront plus au pouvoir. C’est FINI. On l’a dit et écrit depuis des mois, la Tunisie a définitivement tourné la page des Frères Musulmans. Et même si Saïed ne parvient pas à se maintenir au pouvoir, ils n’y reviendront pas. Tout le système post-14 janvier qui a détruit le pays pendant 10 ans est mort et enterré.
2) Saïed, l’homme qui n’écoute pas et qui est très mal entouré et très mal conseillé, met tout son temps et toute son énergie dans sa guéguerre contre les islamistes et leurs sbires et délaisse complètement la principale urgence, à savoir le sauvetage et le redressement d’un pays au bord de l’effondrement.
Les urgences du président ne sont pas celles de la Tunisie
Soit dit en passant, il n’a pas reçu Najla Bouden, la cheffe du gouvernement, mercredi comme toutes les semaines pour préparer l’ordre du jour du Conseil des ministres du jeudi; et jeudi, le Conseil des ministres n’a pas eu lieu. Or, si le président de la république, qui a les pleins pouvoirs, se fiche du sauvetage du pays et de son redressement, la situation deviendrait intenable et ne pourrait pas durer ainsi. Et si sur cette situation intenable se greffe le climat délétère de la guerre d’usure Saïed Vs Islamistes et leurs sbires, le pays, déjà au bord de l’effondrement, ne tiendrait pas longtemps. Ça, pour ce qui est du front intérieur.
A l’extérieur, la patience de la communauté internationale va bientôt atteindre ses limites. Les images de la répression des manifestations du vendredi 14 janvier 2022, que les uns soient pour et d’autres contre, on s’en fiche mais elles ne passeront pas à l’étranger. La mobilisation des adversaires de Saïed, qui sont vicieux et madrés, est destinée à l’étranger. Et à l’étranger, ce qui s’est passé ne passe pas ni auprès des Américains, surtout que les démocrates sont aux affaires (ni auprès de l’administration et encore moins auprès du Congrès) ni auprès des Allemands surtout que le nouveau chancelier Olaf Scholz est socialiste et la ministre des Affaires étrangères Annalena Baerbock est une écologiste et que l’Allemagne dirige le G7 cette année; et ça ne passe pas non plus auprès de l’Union européenne (UE) ni auprès de personne.
De plus, M. Saïed, n’a ni une diplomatie digne de ce nom pour le soutenir ni des réseaux à l’étranger pour l’épauler. Par contre, ses adversaires ont leurs réseaux, leur relais et des machines de guerre médiatique, de lobbying et de PR (public relations) à leur service.
Le capital du 25-Juillet piteusement dilapidé
Donc sur le front intérieur, le chef de l’Etat gère très mal la situation et sur le front extérieur, il est complètement désarmé. L’homme n’a pas su rentabiliser et capitaliser sur le tournant du 25-Juillet, malgré tous les conseils et les idées qui lui ont été prodigués dans les conclaves politiques et à travers des médias.
On l’a soutenu et appuyé mais il n’a rien fait de nos conseils. De ce fait, il est en train de perdre la partie sur les fronts intérieur et extérieur. D’autant plus qu’il n’a pas abandonné la «révolution bolchévique» qu’il veut nous imposer par effraction avec ses deux volets, politique (la Nouvelle construction) et économique («al-charikat al-ahliyya», des kolkhozes). Il fait donc complètement fausse route.
Par conséquent et comme on l’a dit ci-haut, la situation est INTENABLE, ni le pays ne la supportera ni la communauté internationale ne la tolérera et à mon humble avis, un outsider émergera et remportera la mise comme nous l’a enseigné l’Histoire dans pareilles situations.
* Juriste.
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