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L’armada des fonctionnaires en Tunisie

Palais du gouvernement à la Kasbah, Tunis.

Un tableau inédit a été rendu public, et rare sont, parmi les journalistes et analystes, qui l’ont signalé ou commenté. Ce tableau désormais officiel et figure, pour la première fois, à la fin de la loi de finances rectificative de 2021 et de la loi de finance de 2022. Le chiffre le plus choquant et qui en dit long sur la mal-gouvernance qui a mis la Tunisie à genou, est celui des fonctionnaires qui perçoivent salaires et indemnités et qui sont «non affectés» (16 831), c’est-à-dire qu’ils ont été recrutés sans qu’on en vraiment besoin. Le gouvernement espère réduire ce chiffre à 6000 avant 2023. Encore faut-il trouver du travail aux 10 000 qui seront «supprimés» des statistiques…

Par Samir Gharbi

C’est une action de transparence à saluer de la part du gouvernement Najla Bouden. Nous n’avons pas besoin de chercher ailleurs, ni dans les rapports du FMI ou de la Banque mondiale, ni encore moins sur les réseaux sociaux.

On doit cette transparence à Mme Bouden et à la ministre des Finances, Sihem Boughdiri Nemsia.

La fonction publique est un sujet permanent de débat. Pour une fois, les commentateurs ont eu des chiffres précis sous la main… Ils ne s’en sont pas servis !

Voici quelques observations liminaires :

Le gouvernement Bouden a, dès son arrivée, en octobre dernier, recensé les effectifs de l’administration. Il a trouvé 661 703 fonctionnaires, dont 16 831 étaient «non affectés» !

Il s’est donné pour objectif (loi de finances 2022) de réduire l’effectif global à 654 922, soit une diminution de 6 781, et surtout de gérer le stock des «non affectés» qui devra baisser à 6 000 d’ici la fin de l’année, soit 10 831 en moins !

Dix ministères verront leur staff augmenter par rapport à 2021 :

  • Intérieur : + 6 347
  • Défense : + 5 484
  • Enseignement supérieur : +1 586
  • Affaires étrangères : +772
  • Justice : + 474
  • Femme, famille, personnes âgées : + 319
  • Finances : + 254
  • Industrie, mines et énergie : +3

Quatre restent inchangés :

  • Premier ministère = 2 197
  • Domaine de l’Etat et affaires foncières = 1 808
  • Cours constitutionnelle = 23
  • Conseil sup. de la magistrature = 9

Seize départements verront leur effectif baisser :

  • Santé : – 7 882
  • Education : – 1 749
  • Affaires locales : – 726
  • Agriculture : – 260
  • Culture : -171
  • Affaires sociales : –110
  • Cour des comptes : -100
  • Equipement et habitat : -92
  • Présidence de la République : -84
  • Commerce : – 83
  • Transport : -35
  • Technologie : -12
  • Affaires religieuses : -12
  • Tourisme : -8
  • Assemblée nationale : -4
  • Economie : -1

En 2022, cinq départements concentreront 80% de l’effectif global autorisé, soit 524 070 fonctionnaires (sur un total de 654 922) ainsi répartis :

  1. Education : 206 653
  2. Intérieur : 104 709
  3. Défense : 96 849
  4. Santé : 78 213
  5. Enseignement supérieur : 37 646

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