Des discussions à distance ont débuté, avant-hier, lundi 14 février 2022, entre la Tunisie, qui sollicite un nouveau prêt, et le Fonds monétaire international (FMI), a rappelé l’économiste financier Ezzeddine Saidane, en précisant que le budget prévisionnel de l’État tunisien pour l’année 2022 est basé sur l’hypothèse d’un accord avec le FMI avant la fin de mars 2022, ce qui est loin d’être garanti. Et pour cause…
«Aujourd’hui, nous sommes le 16 février, ce qui veut dire que cette affaire est devenue quasiment impossible, d’autant plus que ces négociations et les négociations qui s’ensuivent nécessitent entre 4 et 5 mois, compte tenu de la situation difficile des finances publiques tunisiennes et de l’économie tunisienne dans son ensemble traverse», a déclaré M. Saidane, dans une déclaration à Shems FM, aujourd’hui, mercredi 16 février.
La Tunisie avait envoyé il y a deux mois au FMI une demande de prêt d’environ 4 milliards de dollars sur 4 ans, sans que cette demande ne soit suivie d’un programme de réformes, ce qui a poussé le FMI à s’interroger sur les réformes que les autorités tunisiennes pourraient entreprendre dans les conditions difficiles auxquelle elles font face.
L’expert économique a rappelé le manque d’engagement de la Tunisie sur un programme de réformes qu’elle avait préalablement soumis au Fonds, et qui s’articule autour de trois grands axes : la réforme de la fonction publique et la réduction de la masse salariale, la réforme du système de compensation et la réforme des entreprises publiques.
S’agissant des réformes urgentes qui doivent être implémentées à la lumière de la crise économique que traverse la Tunisie, M. Saidane a indiqué que notre pays a couru derrière les prêts pendant des années et négligé les réformes économiques nécessaires, ce qui a affecté la croissance et la création de richesses et d’emplois.
L’expert financier a également insisté sur la nécessité de résoudre les problèmes urgents sans négliger que le programme de réformes soumis par la Tunisie au FMI commence en 2023, posant la question suivante : «Comment un pays peut-il négocier avec le Fonds au début de 2022 et dire que les réformes qu’il a promises il y a dix ans commenceront en 2023? Il y a là un problème de crédibilité.».
La récente déclaration du responsable de la politique étrangère de l’Union européenne (Josep Borrell), dans laquelle il a affirmé que «l’Union étudie la possibilité de réduire l’aide financière directement destinée au budget de l’État, rendra difficile la négociation avec le FMI, qui peut dire : »Si le partenaire stratégique de la Tunisie a cette position vis-à-vis de la Tunisie, comment un prêt du FMI permettrait à la Tunisie d’assainir sa situation ? »».
L’expert financier a estimé que le report du paiement des créances de la dette intérieure, signifie que par l’Etat tunisien est effectivement entré dans ce qu’on appelle «la spirale du rééchelonnement de la dette», ouvrant ainsi la voie au rééchelonnement de la dette extérieure.
Comment la Tunisie peut-elle mobiliser des ressources financières nécessaires à son budget pour l’exercice en cours, alors qu’elle est tenue de rembourser 6 milliards de dinars d’emprunts extérieurs en devises étrangères ?, s’est interrogé M. Saïdane, ajoutant : «Si nous ne traitons pas cette cette situation difficile avec prudence, clarté et transparence totale, nous pourrions compliquer la situation au lieu de résoudre les problèmes.»
I. B.
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