Chaque jour, l’Union européenne (UE) transfère quotidiennement des centaines de millions d’euros vers la Russie, dont elle importe une bonne partie de ses besoins en gaz naturel. C’est là, on l’a compris, une carte majeure que le président Vladimir Poutine utilise pour pousser ses pions en Europe de de l’Est.
Par Habib Glenza *
Le groupe de réflexion économique européen Bruegel montre combien d’argent l’Union européenne (UE) verse chaque jour à la Russie pour ses approvisionnements en gaz naturel. Non seulement on parle de montants astronomiques, mais ceux-ci ont même bondi après le début de l’invasion militaire russe de l’Ukraine.
Avant-hier, en une seule journée, l’UE a importé du gaz naturel russe pour une valeur de 660 millions d’euros, rapporte Philipp Heimberger, expert de l’Institut d’études économiques internationales de Vienne.
De son côté, Simone Tagliapietra de Bruegel souligne que les contrats de gaz naturel sont largement basés sur les prix moyens du mois précédent. Ainsi, si les prix actuels se maintiennent en mars, le gaz russe sera tout aussi cher en avril.
Les pays européens payent une fortune à la Russie
Chaque jour, l’UE envoie 800 millions d’euros à la Russie pour obtenir du pétrole et du gaz. Ces fonds servent également à financer la guerre en Ukraine, souligne Tagliapietra.
Selon le calcul des experts de Bruegel : le 1er janvier 2022, Bruxelles a payé à Moscou 200 millions d’euros pour l’approvisionnement en gaz naturel. Début février, les taux ont commencé à se rapprocher lentement du niveau des 300 millions d’euros. Cependant, des augmentations très nettes n’ont été constatées qu’après le 24 février, lorsque l’agression impitoyable de la Russie contre l’Ukraine a commencé.
Le 25 février, la facture de gaz russe a dépassé 400 millions d’euros et le 3 mars, elle a atteint la valeur de 660 millions d’euros.
Pour de nombreux pays de l’UE, la perspective de perdre l’accès à l’énergie russe est toujours terrifiante.
Si la Russie parvient à utiliser le levier énergétique pour persuader, par exemple, l’Allemagne ou l’Italie de retirer leur soutien à des sanctions plus dures, cela pourrait donner à Moscou un moyen de contrer les conséquences économiques de son invasion, plaide Simone Tagliapietra dans Le Monde.
L’indépendance énergétique au détriment du développement ?
Les experts estiment que les pays de l’UE peuvent facilement suspendre l’importation de gaz naturel de Russie jusqu’à l’automne 2022. Dans une telle situation, cependant, il y aurait une pression sans précédent pour augmenter les prix du gaz naturel en Europe, ce qui aggraverait encore la crise énergétique actuelle.
Dans les pays les plus dépendants du gaz naturel, la reprise économique risque d’être au point mort, prédit l’économiste Simone Tagliapietra.
* Conseiller à l’exportation agréé par le ministère du Commerce.
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