Au moment où la tragique actualité de l’invasion militaire russe de l’Ukraine, faisons connaissance avec celui qui peut être considéré comme le poète national de l’Ukraine. Romantique, patriotique, Taras Chevtchenko représente la conscience nationale du peuple ukrainien et sa résistance à l’Empire russe.
Combien de fois m’étais-arrêté devant son buste, élevé dans un Square qui porte son nom, Boulevard Saint-Germain des près, à Paris ! Nous devons aux peuples, leur attachement à la liberté, le respect de leurs esprits phares en temps d’obscurité !
Né en 1814 à Moryntsi (Kiev) dans une famille de serfs, Taras Chevtchenko est orphelin de parents. Enfant, il doit suivre un seigneur à Saint-Pétersbourg mais finit par acheter sa liberté, grâce à la peinture qu’il étudie et où il devient, peu à peu, connu.
Poète, il publie son premier recueil, en 1840. Tout en effectuant des retours et des voyages en Ukraine, qui vont marquer son œuvre. Il lutte pour l’abolition du servage et sa poésie dénonce l’oppression. Arrêté, emprisonné, exilé, enrôlé dans l’armée, dans différents lieux de Russie. Le tsar Nicolas 1er lui interdit d’écrire, de peindre et de revenir en Ukraine. Il continue à écrire en cachette et finit par s’installer à Saint-Pétersbourg où il décède, en 1861…
Parmi ses recueils : Kobzar, 1840 (Ed. Bleu et jaune, 2015); Le Testament, 1845.
Tahar Bekri
(d’après différentes sources : Taras Chevtchenko, Ed. Seghers, coll. Poètes d’aujourd’hui, 1964 : Wikipédia, artgitato, etc.)
Peu m’importe
De vivre ou non en Ukraine.
Que l’on se souvienne de moi ou que l’on m’oublie.
De moi dans ces neiges étrangères.
Cela m’importe peu
En captivité, j’ai grandi avec des étrangers.
Sans que les miens me pleurent,
En captivité, en pleurant, je mourrai
Et j’emporterai tout avec toi
Ne laissant même pas une seule petite trace
De notre glorieuse Ukraine
La nôtre – qui n’est plus notre terre.
Et le père dans ses souvenirs
Le père ne dira pas à son fils :
Prie, Prie, mon fils pour l’Ukraine
Il fut torturé jadis. »
Peu m’importe, si demain,
Si ce fils priera, ou non …
Mais ce qui m’importe réellement
C’est de constater qu’un ennemi ignoble
Endort, dérobe et consume l’Ukraine
La volant et la violant…
O comme cela m’importe !
1847, Saint-Pétersbourg
Trad. Jacquy Lavauzelle
Donnez votre avis