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Tunisie-France : Et si Saied prenait de la graine de Macron ?

Pour réussir, Kais Saied, qui était un novice en politique au moment de son élection en 2019, à l’âge de 61 ans, devrait peut-être prendre de la graine de son homologue français, Emmanuel Macron, âgé de «seulement» 44 ans, et qui, lors de sa première élection en 2017, était lui aussi un novice en politique… avant de traverser de grosses tempêtes et de se faire réélire haut la main.

Par Mounir Chebil *

Hier soir, dimanche 24 avril 2022, j’ai écouté le discours d’un président de république qui vient de se succéder à lui-même avec 58% des suffrages, Emmanuel Macron en l’occurrence, qui eut la victoire modeste et tendit la main à ses opposants. En tant que Tunisien, je ne me suis pas empêché de le comparer aux discours cassants et hargneux que tient souvent nôtre président, Kais Saied, élu avec 72% des voix, en affirmant ne pas posséder de programme, en ne faisant aucune promesse et en ne tenant même pas de campagne électorale. Et qui, deux ans et demi après son élection, refuse tout dialogue avec ses opposants, se prend pour Omar Ibn Khattab, venu pour sauver le monde entier, en plus, bien sûr, de la Tunisie… qui sombre dans l’abîme de l’endettement, du chômage et de cherté de la vie. Cherchez l’erreur !

Victoire modeste et main tendue aux opposants

Comparaison n’est certes pas raison, mais l’homme est ainsi fait : il ne peut s’empêcher de comparer ce qu’il a et ce que les autres ont.

Macron a gagné les élections présidentielles en France avec un peu plus de 58% des suffrages exprimés. Hier soir, aux alentours de 21H30, il était à la rencontre de ses partisans rassemblés au Champs de Mars, à Paris, pour fêter cette victoire. Il était sur la tribune avec son épouse, détendu, sobre dans son attitude et mesuré dans ses propos.

Il a eu, dès le début de son discours, l’humilité de dire que beaucoup de Français ont voté pour lui sans être convaincus ni par sa personne ni par son programme, mais qu’ils ont fait un vote barrage contre la montée de l’extrême-droite incarnée par sa rivale, Marine Le Pen. Il les a remerciés tout en déclarant qu’il comprenait leur colère et qu’il va en tenir compte et que leur vote l’oblige pour son nouveau mandat. D’ailleurs, il a rappelé que ce second mandat accordera à l’écologie l’importance qu’elle mérite, envoyant ainsi un signal positif aux écologistes qui n’ont pas voté pour lui.

A l’adresse de l’électorat de Madame Le Pen, Macron a souligné que beaucoup d’entre eux se sont portés sur elle non par conviction et par intérêt pour son programme mais par dépit étant donné qu’ils jugeaient que son système à lui les aurait défavorisés. A ces mécontents, il a dit qu’il assumait la responsabilité de cette colère et qu’il en prendrait acte. Il faut dire que Marine Le Pen leur a miroité des promesses très alléchantes. En prononçant le nom de sa rivale, certains de ses partisans ont réagi par des huées. Sur le champ, il a exprimé sa réprobation pour de tels agissements de la part de ses partisans, affirmant qu’il est le président non d’un clan mais de tous les Français. D’ailleurs, il a eu un entretien téléphonique avec Marine Le Pen avant de venir au Champs de Mars.

Les préoccupations des citoyens au cœur des programmes

Enfin, le président réélu a fait savoir que ce nouveau mandat ne serait pas une continuation du précédent, mais qu’il sera le mandat de l’innovation. et il faut entendre l’innovation sur le plan économique, écologique et social, domaines qui ont un impact direct sur le quotidien du citoyen. Car, tous les candidats du premier tour avaient mis les préoccupations des citoyens au centre de leurs programmes. Nulle place au juridisme stérile de nos politiques tunisiens, incompétents et baratineurs.

Macron a largement vaincu aussi bien l’extrême-droite que la gauche, mais dans son discours, il n’y avait ni arrogance, ni mépris, ni insultes, ni menaces à l’encontre des ses adversaires.

Saied, qui a 64 ans et qui, au moment de son élection en 2019, était un novice en politique, devrait peut-être prendre de la graine de son homologue français, âgé de «seulement» 44 ans, et qui, lors de sa première élection en 2017, était également un novice en politique. J’écris cela, tout en sachant que cela fera grincer bien des dents. Et en j’espérant ne pas être insulté encore une fois par les partisans du locataire du palais de Carthage, qui ne supportent aucune opinion défavorable sur leur chef providentiel.

* Cadre de la fonction publique à la retraite.

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