Le président de la république Kaïs Saïed aurait dû recevoir le rapporteur spécial de l’Onu sur les droits de l’homme à l’eau potable et à l’assainissement, qui a effectué une mission officielle en Tunisie du 18 au 29 juillet 2022. Ce dernier lui aurait fait un rapport sur ce qu’il doit savoir sur la problématique de l’eau dans notre pays et les moyens d’éviter les coupures d’eau potable en pleine canicule d’été. Dommage qu’au lieu de se pencher sur les problèmes vitaux des Tunisien(ne)s, le chef de l’Etat a la tête ailleurs… (Illustration : Abdelbari Atwan reçu le 28 novembre 2019 par le président Kaïs Saïed).
Par Imed Bahri
En effet, M. Saïed qui, au terme de trois ans de pouvoir, n’a jamais daigné rencontrer un seul journaliste tunisien (peut-être se dit-il qu’ils sont tous corrompus), a préféré rencontrer, le 28 juillet, pendant une heure et quarante minutes, au Palais de Carthage, qui plus est en tête à tête, le journaliste palestinien Abdelbari Atwan, un imposteur populiste, qui se fait passer mensongèrement pour un nationaliste arabe, un antisioniste et un antiaméricain. Et c’est ce dernier qui a rapporté le contenu de cette rencontre dans une vidéo qu’il a postée vendredi sur les réseaux sociaux.
L’argent israélien
M. Saïed, nationaliste arabe et antisioniste notoire, ne sait pas que M. Atwan faisait financer son ancien quotidien Al-Quds Al-Araby, ne fut-ce qu’en partie, par un homme d’affaires israélien résident à Jérusalem, grâce à un subterfuge juridique permettant d’effacer les traces et de dissiper les soupçons sur cette bien douteuse collaboration.
L’Israélien louait à un prix exorbitant des locaux à Londres, auprès d’une société en possession de M. Atwan, et en contrepartie, le directeur d’Al-Quds Al-Araby publiait quotidiennement une page entière d’articles puisés dans les principaux journaux israéliens. L’opération a duré une bonne quinzaine d’années, jusqu’à la vente du journal à l’Etat du Qatar, qui l’utilise aujourd’hui pour sa propagande et pour celle des Frères musulmans qu’il soutient et qu’il finance, et qui sont censés être les ennemis jurés de M. Atwan.
Pis encore : ce faux nationaliste et vrai imposteur recevait les articles des journalistes israéliens traduits de l’hébreu à l’arabe et les publiait tels quels, sans commentaire aucun, au nom d’une soi-disant «meilleure connaissance de l’ennemi sioniste».
Le pot aux roses a été révélé il y a quelques années par un autre journaliste palestinien basé aux Etats-Unis, mais il en faut plus pour faire taire M. Atwan qui adore la compagnie des terroristes (il avait interviewé Oussama Ben Laden en Afghanistan) et des dictateurs, de Saddam Husseïn à Zine El Abidine Ben Ali en passant par Mouammar Kadhafi, pour faire leur éloge contre monnaie sonnante et trébuchante.
Amateurisme politique
Pour l’anecdote, mais pas seulement, on a entendu M. Atwan, le soir du référendum du 25 juillet, défendre la nouvelle constitution tunisienne et faire l’éloge du président tunisien sur la chaîne Wataniya 1. L’homme est visiblement venu à Tunis à l’invitation des autorités tunisiennes. Sauf que cela pose problème…
A quel titre M. Saïed a-t-il rencontré M. Atwan ? Ce dernier n’a aujourd’hui aucune fonction claire. Il n’est plus journaliste, mais un simple rentier qui fructifie sa petite fortune en investissant dans l’immobilier à Londres. Or, un président de la république, qui incarne l’Etat qu’il dirige et le peuple qui l’a élu, est censé ne rencontrer que les personnalités publiques es-qualités et qui représentent des pays ou des institutions reconnues. Et de les rencontrer publiquement, et non en secret. Ces derniers n’ont pas le droit de rapporter, qui plus est, sur les réseaux sociaux, le contenu des discussions qu’ils ont eu avec le chef d’Etat qui les a rencontrés sans l’autorisation préalable de ce dernier.
Jusqu’où va-t-on aller dans cet amateurisme politique qui est en train de perdre notre pays ?
Faut-il rappeler, en guise de conclusion, que tous les grands de ce monde que M. Atwan a approchés ont tous très mal fini?
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