Dans une interview accordée à l’agence Anadolu, le président du mouvement Ennahdha et du parlement dissous, Rached Ghannouchi, a affirmé qu’il n’est pas envisageable de s’adapter à la nouvelle réalité politique imposée par le président de la république, Kaïs Saïed, «tant qu’elle est basée sur un coup d’État et sur une constitution fondée sur le pouvoir individuel».
«Nous n’avons pas de problème avec la personne de M. Saïed ni avec qui que ce soit, nous avons plutôt un problème avec un style de gouvernance qui met tous les pouvoirs dans une seule main, leur donnant une teinte d’islam pour légitimer ce qui est (religieusement) interdit. Nous ne laissons pas nous tromper par les paroles, mais nous regardons l’essence de la question : est-ce que le pouvoir est détenu par une seule personne ou il est consultatif ?», a-t-il détaillé.
Le leader islamiste a, par ailleurs, estimé que la majorité du peuple tunisien est dans un état de lutte contre le processus du président de la république, Kais Saïed.
Il convient, toutefois de relativiser ses propos. Certes, il y a une partie du peuple qui s’oppose à la politique autocratique de Saïed, mais la proportion du peuple qui s’est opposé à celle de Ghannouchi (dont le parti a été au pouvoir pendant 10 ans) est bien plus large. D’ailleurs, c’est cette opposition qui a contribué grandement à la situation actuelle.
Ghannouchi a, d’autre part, dit qu’il était prêt à quitter la présidence de son parti en cas de présentation d’une solution au problème tunisien. Des paroles qu’il faut prendre, encore une fois, avec des pincettes. L’islamiste a montré, ces dernières années, qu’il s’accroche avec toutes ses forces à son poste à la tête de son mouvement, dont il est le président depuis plus de 30 ans, et au point de vouloir de changer le règlement intérieur pour décrocher un mandat de plus.
C. B. Y.
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