On entend parler de crise, de hausse vertigineuse des prix et de baisse du pouvoir d’achat, mais on voit les cafés pleins à craquer, les restaurants inaccessibles sans réservation, les hôtels pleins à craquer et on se demande comment font les Tunisiens pour s’en sortir ? Ce n’est pas une question économique mais psychologique et morale…
Par Hichem Cherif *
On est tous bernés par l’illusion, emportés par les émotions, absorbés par la société de consommation, guidés par les images qu’on veut donner aux autres, baignant dans le populisme et sacrifiant au nombrilisme du «m’as-tu vu»…
Si on apprenait à regarder notre réalité au lieu de l’ignorer, elle va peut-être nous rendre ce que la société nous a confisqué.
Nous sommes des êtres pleins et la nature nous amène à le ressentir, alors que la société crée en nous le manque pour nous offrir ses produits à consommer.
La spirale sans fin de la frustration
La société tente de nous faire croire, et elle réussit, qu’il nous manque quelque chose pour être heureux. Elle nous interdit d’être satisfaits de ce que nous avons. Elle ne cesse de nous faire croire que nous sommes en situation de privation.
La société nous pousse à consommer les plaisirs éphémères pour nous faire croire que nous cheminons vers le bonheur mais sitôt consommés les plaisirs gustatifs, charnels ou autres, on est souvent un peu déçus et même frustrés car les plaisirs ressentis ne nous ont pas vraiment satisfaits. Et pour cause, on a tendance à chercher le bonheur en dehors de soi-même et de ce qu’on est. On le cherche dans les plages, les restaurants, les habits, les bijoux…
Or, on ne trouvera jamais le bonheur en dehors de soi, car on le cherche au mauvais endroit. Plus on le cherche en dehors de soi et plus on conditionne notre cerveau et on le contraint à courir derrière la satisfaction là où on a peu de chance de la trouver C’est la spirale sans fin de la frustration.
C’est sans doute pour cette raison que les religions ont incité leurs adeptes à s’éloigner des plaisirs. Mais leur démarche est fausse car elles nous amènent à nous «culpabiliser», et non vers la sérénité, le contentement et le bonheur.
Le bonheur est en soi
Le problème c’est que les «plaisirs» offerts par la société attirent et les gens travaillent dur pour satisfaire ces plaisirs «extérieurs» et comme sitôt un désir assouvi, on va se mettre à en désirer un nouveau. C’est une course sans fin…
Les bouddhistes ont bien compris ce phénomène et ils considèrent que nos désirs sont les sources de nos souffrances. Ils nous invitent à nous en libérer, car la vraie satisfaction est celle qui vient de l’intérieur.
Si on ne prend pas le temps d’écouter notre âme, de recueillir ce qui vient du plus profond de nous-mêmes, on risque de ne pas vraiment se connaitre et quand on ne se connait pas, on laisse nos illusions diriger notre vie.
* Avocat.
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