Le professeur de droit constitutionnel Amin Mahfoudh a déclaré que le président de la république Kaïs Saïed a mis en place un régime qui n’a rien de présidentiel ni de démocratique. C’est un régime dictatorial, a-t-il souligné. Vidéo.
Mahfoudh, qui fût parmi les fervents soutiens du chef de l’Etat au lendemain de la proclamation de l’Etat d’exception, le 25 juillet 2021, avant de critiquer la dérive autoritaire de ce dernier, a ajouté, lors de son passage à l’émission RDV9 sur Attessia TV, vendredi 4 novembre 2022, que le président Saïed n’a même pas respecté les recommandations de la consultation populaire qu’il avait lui-même organisée, où la majorité des participants ont réclamé la mise en place d’un régime présidentiel avec une nette séparation des pouvoirs. Ce qu’il n’a pas respecté dans le texte de la constitution qu’il a fait voter et promulguer quelques mois plus tard.
Selon Mahfoudh, qui fit partie du trio de professeurs de droit constitutionnel chargé par le président de la république de rédiger un projet de nouvelle constitution que ce dernier jeta ensuite à la poubelle, a également estimé que le système soi-disant «présidentiel» adopté par Saïed est totalement contraire au système présidentiel en vigueur dans les pays démocratiques puisqu’il ne respecte pas le principe central de l’équilibre des pouvoirs et accorde au président des pouvoirs dont se prévalent seulement que les monarques absolus et les dictateurs.
Le plus important aux yeux du professeur de droit constitutionnel, c’est de constater la fin de la légitimité du président Saïed, qui a besoin d’être renouvelée.
En effet, estime-t-il, ce dernier a proclamé l’état d’exception sur la base de l’article 80 de la constitution de 2014 qu’il a ensuite dissoute. Il a, également, promulgué une nouvelle constitution, et toute nouvelle constitution exige un renouvellement des institutions républicaines, y compris la présidence de la république.
«Le mandat de Kaïs Saïed est constitutionnellement terminé. Il n’a plus de légitimité. Car l’état d’exception est terminé avec la promulgation de la nouvelle constitution. Et il est dans l’obligation d’organiser des présidentielles anticipées», a dit M. Mahfoudh, en précisant qu’il en avait déjà parlé au président en personne, lequel, on l’imagine, n’ignore pas ces choses, puisqu’il a lui-même enseigné, pendant une trentaine d’années, le droit constitutionnel.
I. B.
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