A en croire l’ancien diplomate Elyes Kasri, le 18e Sommet de la Francophonie, tenu à Djerba les 19 et 20 novembre 2022, n’aura finalement été qu’une occasion pour… développer le tourisme de congrès.
«Ceux qui prétendent que le 18e Sommet de la Francophonie à Djerba a été un succès éclatant seraient bien avisés de nous indiquer ce que la Tunisie en a tiré en termes tangibles», a écrit l’ancien ambassadeur au Japon et en Allemagne.
«En plus des programmes et accords quantifiables et réalisables, qu’aurait pu tirer la Tunisie de l’organisation de ce sommet en termes de dons et de projets de développement ? Il serait utile de nous éclairer sur la teneur et les résultats des entretiens du président de la république Saïed et de la cheffe de gouvernement Bouden avec leurs trente et un homologues annoncés comme ayant assisté au sommet de Djerba», ajouté le diplomate qui semble mettre en doute ce que beaucoup ont qualifié un peu rapidement un «succès diplomatique», d’autant que les responsables tunisiens se sont gardés de faire le bilan de cet événement, passé presque inaperçu sur le plan international, pour avoir coïncidé ou chevauché des événement autrement plus importants, comme la COP 27 à Sharm El-Sheikh, en Egypte, ou la Coupe du monde de football Qatar 2022, sans parler de la réunion du G20 en Indonésie, tenue quelques jours auparavant, qui ont braqué l’attention des médias internationaux.
Les retours du 18e Sommet de la Francophonie en termes diplomatique, économique et financier restent assez maigres. Et la bonne organisation, dont se félicitent à juste titre les responsables tunisiens, ne saurait constituer en soi un bénéfice. Sauf à croire que la qualité de l’accueil dont peuvent se prévaloir les bons professionnels de l’hôtellerie partout dans le monde peut être mise au chapitre des gains… diplomatiques.
C’est ce qui nous vaut cette remarque ironique d’Elyes Kasri : «De plus en plus de Tunisiens semblent succomber à la confusion entre la diplomatie avec ses volets bilatéral et multilatéral et le tourisme de congrès. Cela semble malheureusement avoir été le cas pour le Sommet arabe (mars 2019), la Ticad8 (août 2022) et, sauf preuve contraire, le Sommet de la Francophonie.» Et cette recommandation : «La Tunisie a grandement besoin de revenir aux fondamentaux de la diplomatie et d’en faire à nouveau un levier de développement socio-économique et de rayonnement avec un message à la communauté internationale. En ces temps difficiles, la poursuite de la dérive n’est plus permise.»
I. B.
Donnez votre avis