Le parlement tunisien, dominé par les hommes, relancé sans partis politiques

Le parlement nouvellement élu en Tunisie se réunit pour la première fois depuis que le président Kaïs Saïed l’a suspendu il y a 20 mois, sans partis politiques et avec moins de femmes, sur fond de crainte que l’influence de l’assemblée ne soit limitée par le gouvernement.

Par Natalia Roman Morte

Saïed a gelé le Parlement le 25 juillet 2021, dépouillé ses membres de leur immunité et limogé le Premier ministre, dans une décision surprise qui, selon lui, était conforme à l’article 80 de la Constitution tunisienne.

Un an plus tard, une nouvelle constitution controversée accordant à l’ancien professeur de droit des pouvoirs supplémentaires a été adoptée lors d’un référendum malgré un faible taux de participation.

Le parlement, selon la constitution que Saïed a rédigée lui-même, sera bicaméral avec un conseil de représentants régionaux, dont les prérogatives et le mode d’élection ont été révélés cette semaine.

Dépouillé de ses pouvoirs, le nouveau parlement de 161 sièges ne pourra plus approuver un gouvernement ni déposer de motions de censure contre lui ou le président.

«Même si des opposants se présentent à l’intérieur du parlement, tout le nécessaire pour les contraindre sera là : ils peuvent être révoqués s’ils ne respectent pas leur programme électoral et ils peuvent perdre leur immunité», explique l’écrivain Hatem Nafti, qui s’intéresse au «Saïedisme», une nouvelle théorie politique, dans son essai «Tunisie : vers un populisme autoritaire?»

Pendant ce temps, le fait que seulement 25 femmes aient été élues au parlement inquiète les organisations féministes, qui y voient un revers dans la lutte pour les droits des femmes alors que l’on s’attend à ce que les femmes soient isolées dans le débat politique.

Les partis politiques, dont le mouvement islamiste Ennahdha, ont également été exclus par Saïed après avoir occupé des sièges au cours de la dernière décennie.

«Pour lui, la simple idée d’un parti pervertit la volonté populaire et en 2019, lorsqu’il est arrivé au pouvoir, il a dit qu’il n’allait pas les interdire mais plutôt les laisser mourir de mort naturelle. Le fait d’adhérer à un parti politique aujourd’hui va devenir une forme d’opposition», estime Nafti.

La perte de légitimité du pouvoir législatif explique le taux de participation très faible aux dernières élections, avec seulement 11% de la population ayant voté.

Après que Saïed ait dissous les conseils municipaux cette semaine, la question tourne désormais autour des élections présidentielles prévues en 2024, auxquelles l’opposition se prépare malgré le fait que nombre de ses dirigeants sont emprisonnés pour «complot contre la sécurité de l’État».

Traduit de l’anglais.

Source : La Prensa Latina.

Donnez votre avis

Votre adresse email ne sera pas publique.