Un sit-in de solidarité a été organisé ce vendredi 30 juin 2023 devant le Palais de justice à Tunis à l’occasion de l’audition de l’ancien ministre Ghazi Chaouachi par le juge d’instruction du bureau 18 près du tribunal de première instance de Tunis.
L’ancien président du Courant démocrate (Attayar), incarcéré depuis 4 mois dans le cadre de l’affaire dite de complot contre l’Etat, sera auditionné dans le cadre d’une autre affaire intentée contre lui par la ministre de la Justice Leila Jaffel sur la base du Décret-loi n° 2022-54 du 13 septembre 2022, relatif à la lutte contre les infractions se rapportant aux systèmes d’information et de communication.
Des militants du parti Attayar, des membres de la famille de Ghazi Chaouachi et des figures de la scène politique et de la société civile ont pris part au sit-in pour dénoncer des poursuites judiciaires à caractère politique dont fait l’objet l’avocat et d’autres opposants au président de la république Kaïs Saïed.
Nabil Hajji, qui a succédé à Chaouachi à la tête du parti Attayar, présent parmi les manifestants, a déclaré à Mosaïque que «le procès intenté à Chaouachi est un nouvel épisode des atteintes aux droits et aux libertés» en Tunisie, critiquant «l’utilisation du Décret-loi n° 54 par certains ministres pour limiter les libertés politiques et l’activité syndicale». «Les arrestations des figures de l’opposition est une tentative pour faire taire toute voix dissidente sur fond d’échec des politiques économiques et sociales», a-t-il souligné.
Hamma Hammami, porte-parole du Parti des Ouvriers, présent lui aussi devant le Palais de Justice, a déclaré que «les procès de complot contre l’Etat et ceux basés sur le Décret-loi n° 54 sont totalement vides et fabriqués de toutes pièces dans le cadre d’un règlement de compte politique».
Hamma Hammami et Nabil Hajji.
«L’histoire retiendra que le Décret-loi n° 54 est un scandale», a souligné le leader de la gauche radicale, affirmant que «les nombreux dirigeants politiques présents au sit-in de protestation devant le tribunal de Tunis sont venus exprimer leur solidarité avec Ghazi Chaouachi et tous les prisonniers politiques et les personnes arrêtées sur la base du décret-loi 54».
«Nous vivons aujourd’hui dans le même contexte politique, économique et social [d’avant 2011, Ndlr]. Rien n’a changé. L’essentiel est de ne pas avoir peur. Nous sommes prêts à militer pour la souveraineté de la nation», a conclu Hammami, en dénonçant le pouvoir autocratique du président Saïed.
I. B.
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