Du cynisme néocolonial occidental au jeu hypocrite de la majorité des régimes arabes et islamiques, ce sont les souffrances des Palestiniens écrasés par la machine de guerre d’Israël que les premiers cherchent à passer sous silence et que les seconds font un instrument de légitimation interne ou un pion dans un jeu d’influence.
Par Elyes Kasri *
Certains ont beau nourrir des réserves envers Hamas, n’empêche que cette organisation a su reprendre avec panache le flambeau de la lutte palestinienne pour l’autodétermination et a finalement démasqué le sionisme en tant qu’idéologie colonisatrice, suprémaciste, raciste et exterminatrice. Une idéologie qui méprise totalement le droit international et tout ce qui a trait aux droits et à la dignité humains des goyims non juifs et même des juifs, qui sont considérés des vaches à lait dans la diaspora et de chair à canon en Palestine occupée.
Avec le génocide des populations civiles de Gaza qui n’est qu’un des nombreux épisodes d’horreur, de destruction et de crimes contre l’humanité depuis le massacre de Deir Yassine en 1948, la dernière sortie d’un ministre israélien souhaitant l’éradication de Gaza et de sa population par l’arme atomique n’est qu’un lapsus révélateur de l’essence même du sionisme et de son statut de perversion éthique et de mal suprême.
Le rejet de cette idéologie par de nombreux juifs et Occidentaux laisse espérer que tout n’est pas perdu et que l’humanité finira par surmonter cette perversion de l’esprit et de la politique pour bâtir un avenir plus sûr et plus équitable pour les peuples de la région dans la paix, l’harmonie et le respect des droits humains.
Déluge de faux masques et de feuilles de vigne
Sur un autre plan, l’opération «Déluge d’Al Qods» est, pour certains, un véritable déluge de feu et de sang, mais aussi, pour d’autres, un déluge de faux masques et de feuilles de vigne.
Du cynisme néocolonial occidental au jeu hypocrite de la majorité des régimes arabes et islamiques dont certains gomment les souffrances des Palestiniens pour en faire un instrument électoral et de légitimation interne ou un pion dans un jeu d’influence disproportionné surtout provenant de micro-Etats dopés aux hydrocarbures ou de puissances régionales et extrarégionales cherchant à s’affirmer sur les cadavres des Palestiniens qui prennent de plus en plus l’allure d’un charnier et d’un holocauste des temps modernes.
Dans ce contexte, le faux débat au sujet de la criminalisation de la normalisation avec Israël cache mal l’abstention de la Tunisie au vote à New York sur une trêve humanitaire à Gaza et l’absence de la diplomatie tunisienne sur l’échiquier diplomatique et géostratégique mondial aux fins d’atténuer les souffrances du peuple palestinien.
Un observateur étranger pourrait avoir l’impression d’une Tunisie antisioniste et propalestinienne, empêtrée dans un soliloque décousu, discordant et coupé des réalités du monde extérieur.
Ancien diplomate.
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