Kaïs Saïed ne reconnaît pas la date du 14 janvier 2011 comme étant celle de la révolution tunisienne, lui préférant celle du 17 décembre 2010, date de l’auto-immolation par le feu de Mohamed Bouazizi à Sidi Bouzid, mais cela l’a pas empêché de se payer un bain de foule pré-électorale, à l’occasion du 13e anniversaire de la défunte «révolution du jasmin». Vidéo.
Par Imed Bahri
Le président de la république a, en effet, effectué, hier, dimanche 14 janvier 2024, une visite inopinée, dans le gouvernorat de Siliana, au cours de laquelle il a rencontré un groupe de citoyens qui lui ont fait part de leurs préoccupations et revendications.
Certains d’entre eux ont exhorté le président de la république à doter l’hôpital régional de Siliana d’un scanner et à accorder l’attention nécessaire aux questions liées au développement dans la région.
Bain de foule
Lors de cette visite, le président s’est offert un bain de foule devant le siège du gouvernorat, accompagné, notamment, du gouverneur et du secrétaire général du gouvernorat.
Le chef de l’Etat s’était rendu, auparavant, dans les délégations d’El-Oueslatia et d’El-Alaa, dans le gouvernorat de Kairouan, où il a pris connaissance d’un certain nombre de revendications sociales exprimées par les habitants.
En se rendant dans ces deux régions considérées parmi les plus démunies du pays, Saïed a voulu symboliquement souligner son engagement en faveur des couches défavorisées de la population et sa détermination à poursuivre son combat contre les inégalités sociales et leurs corollaires, la corruption, l’exploitation et la domination des lobbys d’intérêts sur une économie en lambeaux et qui a du mal à esquisser sa reprise depuis la chute de l’ancien régime. Et pour cause, tous ceux qui se sont succédé à la tête du pays depuis treize ans, y compris M. Saïed, s’étaient tous révélés incapables de redresser la situation.
Kaïs Saïed a voulu clairement faire acte de présence en ce jour historique, qui plus est à l’intérieur du pays, au moment où ses opposants, notamment les forces rassemblées au sein du Front de salut national (FSN), manifestaient au centre-ville de Tunis pour dénoncer ce qu’elles considèrent sa «dérive autoritaire», son «pouvoir personnel» voire son «coup d’Etat».
Seul contre tous
En multipliant ces visites dites «inopinées» et en allant au contact du petit peuple dans les quartiers populaires, les lieux du travail et les régions intérieures, le président cherche à occuper le terrain dans une sorte de précampagne électorale en perspective des présidentielles devant se tenir en novembre prochain et à laquelle il ne fait aucun doute qu’il sera candidat, même s’il n’a pas encore clairement exprimé son intention de briguer un second mandat de cinq ans.
Face à une opposition muselée et affaiblie par les procès intentés contre beaucoup de ses figures pour… complot contre l’Etat, et, surtout, aux prises avec ses contradictions et ses divisions, et ne parvenant pas à se rassembler en un front commun, le président Saïed n’a pas de mal à pousser son avantage et à occuper le terrain.
Même si le bilan de ses quatre années de pouvoir reste très mitigé et que depuis son élection, en 2019, la situation dans le pays a continué à se dégrader, notamment sur les plans économique et social avec un déficit budgétaire énorme, un chômage endémique, une inflation record, des hausses de prix continues, une forte baisse du pouvoir d’achat, et des pénuries chroniques de produits de première nécessité (blé, huile de cuisson, lait, café, thé, médicaments, etc.) affectant la vie de toutes les couches sociales, le chef de l’Etat continue de caracoler en tête des intentions de vote, beaucoup de Tunisiens continuant à faire confiance à ce qu’ils considèrent comme son intégrité personnelle et sa détermination à combattre la corruption des élites et les inégalités sociales et régionales.
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