Les négociations pour un cessez-le-feu à Gaza ont à peine commencé à Doha qu’elles ont été de nouveau reportées, vendredi 16 juillet 2024. Israël continue de mener tout le monde en bateau, pour poursuivre son génocide dans l’enclave palestinienne, au vu et au su du monde entier, comme si les dizaines de milliers de morts et de blessés, les déportations de populations et les destructions d »infrastructures palestiniennes vitales depuis le 7 octobre dernier ne suffisaient pas pour étancher sa soif de vengeance.
Khémaïs Gharbi
La déclaration des médiateurs est un chef-d’œuvre d’hypocrisie diplomatique et de politique spectacle : «Les États-Unis d’Amérique, avec le soutien de l’État du Qatar et de la République d’Égypte, ont présenté aujourd’hui aux deux parties une proposition qui réduit les écarts entre elles et est conforme aux principes établis par le président Biden le 31 mai et la résolution n° 2735 du Conseil de sécurité, et que cette proposition est basée sur les points d’accord obtenus au cours de la semaine dernière, les lacunes restantes ayant été comblées de manière à permettre une mise en œuvre rapide de l’accord.»
Ah, la mise en œuvre rapide de l’accord ! En effet, après 11 mois de tergiversations et de promesses non tenues, on nous offre un nouveau tour de passe-passe. «Les équipes techniques continueront de travailler au cours des prochains jours sur les détails de la mise en œuvre», disent-ils, comme si l’énigme de la paix se résumait à des formalités administratives.
Pendant ce temps, Israël poursuit ses crimes de guerre et Gaza sombre dans le feu et le sang, avec des centaines de morts chaque jour et autant de blessés dont les vies sont irréversiblement brisées.
Pour faire avaler la couleuvre aux impatients, la déclaration se pare d’une touche d’humour noir : «Comme l’ont déclaré les dirigeants des trois pays la semaine dernière, il n’y a plus de temps à perdre et aucune excuse ne peut être acceptée de la part d’une quelconque partie pour justifier un nouveau retard.»
Ainsi, nous voici à nouveau avec la promesse d’une promesse, où «il est temps de libérer les otages et les détenus, d’instaurer un cessez-le-feu et de mettre en œuvre cet accord.»
Et voilà, nous voici prêts pour un nouveau round de discussions interminables, avec les mêmes acteurs jouant les mêmes rôles. Les médiateurs ne parviennent pas à convaincre, et chaque jour de prolongation profite à Israël et à ses soutiens occidentaux, notamment les Etats-Unis, qui se nourrissent du chaos et de la souffrance.
La tragédie continue, les morts s’accumulent, et les blessés sont de plus en plus nombreux, tandis que le monde regarde sans broncher la nouvelle mise en scène. Alors, à qui profite réellement cette prolongation des crimes? Peut-être que la magie des paroles de ces médiateurs finira-t-elle par rendre leurs engagements réels, mais en attendant, Gaza paie le prix fort de cette désespérante inaction. Merci Washington, merci Doha, merci Le Caire ! Vous noyez bien le poisson des crimes de l’Etat hébreu!
L’attaque meurtrière de colons juifs contre la localité palestinienne de Jit en Cisjordanie, le 15 août, mettant directement en cause la responsabilité de l’État israélien, qui poursuit sa politique de colonisation en Cisjordanie, renvoie cette vaine agitation diplomatique à ce qu’elle est réellement : une énième mascarade dont seuls les Palestiniens payent l’horrible prix!
* Ecrivain et traducteur.