Présidentielle tunisienne : Saïed promet de reconstruire tout ce que ses prédécesseurs ont détruit

Candidat pour un second mandat à la présidentielle du 6 octobre 2024, Kaïs Saïed, n’a pas cru devoir mettre sa campagne électorale sur le thème du bilan, le sien ayant été maigre, notamment sur le plan économique, mais sur celui du bilan de tous ses prédécesseurs qui ont, selon lui, détruit les services publics de la santé, de l’enseignement, du transport et de la sécurité sociale.

Imed Bahri (avec Tap).

Selon lui, tous ses prédécesseurs, de Bourguiba à Béji Caïd Essebsi,  se sont employés, pendant des décennies entières, à réduire à néant ces services publics qu’il se donne désormais pour mission de réhabiliter et de reconstruire.

«Il est grand temps de bâtir une économie nationale prospère, de reconstruire les institutions et les établissements publics, de mettre en place de nouvelles législations qui permettront à l’Etat de reprendre son rôle social», a lancé le président sortant dans son manifeste électoral publié dimanche 15 septembre. «Les défis sont nombreux», admet-il, mais il rassure ses électeurs qui doivent faire preuve de patience : «La détermination de les relever demeure grande et forte».

Compter sur nos propres ressources

«Nous n’hésiterons pas à relever tous les défis pour assainir le pays et écarter tous les obstacles quels que soient leur importance ou leur origine», a-t-il dit, sans s’attarder sur les moyens, notamment financiers, qu’il va devoir mettre en œuvre pour les relever, étant donné la situation difficile des finances publiques et le surendettement du pays.

Parmi les défis et non des moindres, auquel le président promet de s’attaquer, celui de garantir le droit à un emploi décent et équitable, de réaliser la stabilité au travail et de respecter le droit légitime de toute personne à une vie décente. «Les demi-solutions ne seront pas acceptées», a-t-il affirmé. «Nous allons compter en premier sur nos propres ressources, surtout que le pays regorge de richesses», a-t-il dit, richesses qui semblent cruellement manquer à l’Etat qui, faut-il le rappeler, continue de s’endetter pour faire face à ses dépenses faramineuses, la croissance économique étant atone depuis 2011, estimé à 0,4% en 2023, et qui de devrait pas dépasser ce taux en 2024.   

Evoquant les mesures qu’il a prises depuis la proclamation de l’état d’exception le 25 juillet 2021, Kaïs Saïed a déclaré qu’elles ont été prises dans un souci de «préserver la paix sociale». A ce moment là, a-t-il expliqué, on avançait «en terrain miné» et chaque décision était difficile à prendre. De plus, des liens ont pu être établis entre plusieurs cercles criminels en Tunisie et à l’étranger (…) Il viendra peut-être le jour où plusieurs détails seront dévoilés et des révélations seront faites sur les tromperies, les traitrises et les trahisons, a-t-il menacé. Et d’ajouter que, face au pillage des richesses, au détournement des fonds, à la corruption, au terrorisme, à la violence et au noyautage des appareils de l’Etat dans le but de le faire imploser, il a fallu prendre «une décision historique» pour sauver le pays et répondre aux attentes des citoyens tunisiens quant à leur droit à une vie digne qui garantit droits et libertés.

Il a aussi fallu que les Tunisiens avancent «main dans la main» sur le chemin de «la lutte pour la libération nationale (…) un chemin sans retour» qui a mené droit au 25 juillet 2021.

Des opposants «vendus et serviles»

Par ailleurs, et s’agissant de ses opposants qui ont manifesté il y a quelques jours au centre-ville de Tunis à l’appel d’un groupe d’associations, le président sortant les a qualifiés de «voix vendues et serviles», réclamant la liberté et la démocratie alors même qu’ils exercent leur droit de manifester librement de manière quotidienne et sans aucune intervention policière, a-t-il cru devoir rappeler.

La question palestinienne, qui a été au cœur de la campagne de Saïed en 2019, a de nouveau été invoquée pour préciser que sa position à son sujet demeure ferme et inébranlable face aux forces de l’occupation sioniste. «Il faut rester aux côtés du peuple palestinien sans condition aucune afin de l’aider à recouvrer son droit légitime à établir un Etat indépendant», a-t-il soutenu.

Saïed a, en outre, tenu à rendre hommage aux martyrs de la Tunisie qui sont tombés pour l’indépendance ainsi que pour la liberté, le travail et la dignité. Il a aussi rendu hommage aux forces armées et de sécurité «qui ont lutté vaillamment contre toutes les formes de crime», a-t-il encore souligné, en appelant les Tunisiens à «choisir librement (…) pour poursuivre la lutte pour la libération de la patrie et réaliser les attentes du peuple».

I. B. (avec Tap).