Face au génocide perpétré par l’Etat d’Israël depuis plus d’un an à Gaza, l’Onu risque de perdre davantage de légitimité et d’efficacité, ouvrant la voie à des aventures néfastes, similaires à celles traversées par la Société des Nations avant sa disparition.
Khemais Gharbi
L’espoir s’est levé après la Seconde Guerre mondiale avec la création de l’Organisation des Nations Unies (Onu), un symbole de la volonté humaine de bâtir un monde meilleur, où la guerre serait reléguée au passé.
L’Onu a été conçue pour corriger les erreurs de la Société des Nations, mise en place après la Première Guerre mondiale mais qui n’a pu empêcher la montée des conflits et la catastrophe de la Seconde Guerre mondiale. Pourtant, à la lumière des défis contemporains, il devient impératif d’alerter sur le risque que la faiblesse actuelle de l’Onu ne conduise à une situation analogue à celle de la Société des Nations: sa disparition potentielle.
L’effondrement de la Société des Nations est largement attribué à son manque d’autorité. Absente d’une force armée propre, elle a été incapable d’agir face à des crises, telles que l’invasion de la Mandchourie par le Japon ou l’agression italienne contre l’Éthiopie. L’absence des grandes puissances, comme les États-Unis, a également affaibli sa légitimité, tout comme la montée des régimes totalitaires des années 1930.
Action entravée par des mandats restrictifs
Aujourd’hui, l’Onu est confrontée à des défis similaires. Les conflits internes, notamment les guerres civiles et les luttes ethniques, rendent son intervention difficile, souvent entravée par des mandats restrictifs.
Au sein du Conseil de sécurité, les désaccords entre les grandes puissances, alimentés par l’utilisation du droit de veto, paralysent l’action de l’organisation lorsque la crise l’exige. Les échecs historiques dans la prévention des génocides, comme celui du Rwanda en 1994 ou la crise syrienne, soulignent l’incapacité de l’Onu à protéger les civils face à des signes précurseurs, un échec résonnant avec ceux de la Société des Nations.
L’un des aspects les plus préoccupants de l’inaction de l’Onu est la situation tragique des Palestiniens, qui souffrent de violences et de violations répétées de leurs droits. Au cours de l’année écoulée, le génocide des Palestiniens a pris une ampleur alarmante. L’incapacité de l’Onu à mettre fin à ces atrocités et à protéger les civils témoigne non seulement d’un manque d’efficacité, mais également d’une inquiétante stagnation face à des crises qui exigent une action immédiate et décisive. Les résolutions et les appels à l’action restent lettre morte, et les pertes humaines s’accumulent tandis que la communauté internationale observe, souvent paralysée par des considérations politiques.
Récemment, le Parlement israélien a voté en faveur d’un projet de loi interdisant les activités en Israël de l’Agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), qui fournit de l’aide aux Palestiniens depuis 70 ans. Cette décision représente peut-être le coup de grâce pour l’Onu, révélant à quel point son autorité et son efficacité sont remises en question.
En laissant le génocide des Palestiniens se poursuivre sans réponse concrète, l’organisation risque non seulement d’éroder ce qui reste de sa légitimité, mais aussi de perdre l’un de ses mécanismes clés de soutien humanitaire.
Les crises humanitaires et les violations des droits de l’homme continuent de croître, illustrant la nécessité d’une réponse globale et efficace.
Renforcer le système multilatéral
Parmi les questions politiques persistantes, le sort des réfugiés palestiniens témoigne de l’absence de solutions durables depuis 1948, laissant place à des conditions de vie précaires et à des tensions de plus en plus palpables. Ce manque de respect pour les décisions internationales fragilise encore davantage le système.
Il est donc devenu urgent d’agir pour renforcer le système multilatéral et éviter un cycle similaire de défaillance et de conflit. La communauté internationale doit apprendre des leçons du passé et s’engager à revigorer l’Onu, à travers une volonté collective, un dialogue sincère et des efforts concertés.
Sans un engagement sérieux des États membres, l’Onu risque de perdre davantage de légitimité et d’efficacité, ouvrant la voie à des aventures néfastes, similaires à celles traversées par la Société des Nations avant sa disparition. Ce constat, loin d’être un simple alarmisme, est un appel à la responsabilité collective pour la paix et la sécurité mondiales. Le temps est venu d’agir avant qu’il ne soit trop tard.
* Traducteur et écrivain.
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