Israël veut entraîner Donald Trump dans son conflit avec l’Iran

Alors que Donald Trump est accaparé par sa priorité absolue, en l’occurrence le dossier migratoire, en annonçant l’expulsion de 20 millions de migrants, et la lutte contre le wokisme, les Israéliens, obsédés pour leur part par l’Iran et son programme nucléaire, considèrent que telle doit être la priorité et veulent pousser le président américain dans ce sens. Ce dernier ne se montre pas pressé et laisse les deux parties, Israël et l’Iran, dans l’expectative. Il a d’autres chats à fouetter, et c’est le cas de le dire…

Imed Bahri

Pour le Jerusalem Post, la première question, la plus importante et la plus sensible après le retour du président Trump à la Maison Blanche doit être la lutte commune et déterminée des États-Unis et d’Israël contre le programme nucléaire iranien mais également contre le comportement régional de Téhéran et son soutien pour ce que le journal décrit comme des organisations terroristes dans toute la région. 

L’auteur de l’article, l’universitaire Jacob Nagel, écrit : «Jusqu’à ce que toutes les installations et capacités nucléaires soient démantelées volontairement par l’Iran ou forcées par des puissances extérieures, l’administration Trump doit revenir à une politique de pression maximale et de menaces d’action militaire réelle de la part des États-Unis et leurs alliés.»

Le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, a abordé la possibilité de l’attaque des installations nucléaires iraniennes et a déclaré que l’Iran doit parvenir à des accords avec l’administration Trump concernant ses activités nucléaires afin d’éviter une nouvelle confrontation militaire dans le Moyen-Orient, a rappelé l’auteur, ajoutant que, lorsque l’ancien président américain Joe Biden a été élu il y a environ quatre ans, il a annoncé son intention de reprendre les négociations avec l’Iran sur un retour rapide à «l’accord nucléaire défectueux» en référence au Plan d’action global commun de 2015 duquel Trump s’est retiré en 2018.

Israël doit expliquer au monde pourquoi il est si dangereux d’envisager d’entamer des négociations avec l’Iran afin de convaincre ses partenaires du Moyen-Orient et signataires des accords d’Abraham ainsi que l’Arabie saoudite qui partagent les mêmes préoccupations concernant l’Iran et ses intentions nucléaires, a aussi indiqué Nagel.  

Les activités de l’Iran ont considérablement augmenté depuis l’élection de Biden, enrichissant des centaines de kilogrammes d’uranium à des niveaux élevés (60%), développant, produisant et installant des centrifugeuses avancées dans des installations souterraines, construisant de nouvelles installations et prenant d’autres mesures même dans le cadre d’activités de programmes d’armement sous prétexte de double usage.

Trump laisse tout le monde dans l’expectative  

Pour le Jerusalem Post, l’état actuel du programme nucléaire iranien ne permet pas un nouvel accord qui pourrait être durable car tout le monde veut un bon accord qui ne permette pas à l’Iran de poursuivre ses activités nucléaires, qui ne soit pas similaire au précédent et qui n’accepte pas un programme nucléaire prétendument civil dans des installations souterraines.

Après avoir passé en revue toutes les conditions que tout nouvel accord doit inclure, Nagel conclut que l’Iran ne les acceptera pas et estime que l’administration Trump doit faire comprendre aux Iraniens que ce sont ses exigences si elle veut éviter un autre type de solution.

Etant donné que la république islamique, malgré sa situation difficile due aux attaques israéliennes et à l’effondrement de la plupart de ses mandataires constituant jusqu’à récemment sa ceinture de feu, ne coopérera pas volontairement à la destruction convenue de ses capacités nucléaires, Israël doit se préparer à une confrontation avec l’Iran avec en ligne de mire ses installations nucléaires, et de préférence en coopération avec les États-Unis, estime Jerusalem Post.

Pour sa part Donald Trump n’est pas connu pour sa sympathie pour le régime iranien. C’est d’ailleurs lui qui avait donné l’ordre de tuer Qassem Soleimani, commandant de l’unité d’élite des Gardiens de la révolution iraniens appelée la Force Al Qods, le 2 janvier 2020 à Bagdad, entraînant des représailles contre le président américain qui a accusé l’Iran d’être derrière trois tentatives visant à l’assassiner.

Aujourd’hui fraîchement retourné aux affaires, M. Trump laisse tout le monde dans l’expectative et ne dévoile pas ses véritables intentions et ce qu’il entend vraiment faire. Il a dit qu’il intensifiera les sanctions contre l’Iran et une autre fois, il déclare qu’il n’écarte pas une intervention militaire. Cette méthode trumpienne consiste avant tout à mettre sous pression l’adversaire surtout qu’il sait pertinemment qu’aujourd’hui Téhéran est plus fébrile que jamais après l’annus horribilis 2024 qui a vu son influence au Moyen-Orient se réduire comme peau de chagrin.

L’Iran joue l’apaisement et cherche le dialogue

Côté iranien, l’actuel équipe réformiste au pouvoir joue l’apaisement et cherche le dialogue. Une semaine avant l’investiture de M. Trump, le président Masoud Pezeshkian a accordé un entretien à la chaîne de la télévision américaine NBC où il a affirmé que l’Iran n’avait jamais tenté d’assassiner le président américain. Il a envoyé ensuite un message de paix et de dialogue en affirmant que l’Iran était prêt à entamer des négociations avec les États-Unis sur son dossier nucléaire. «Nous ne craignons pas la guerre mais nous cherchons la paix», avait-il déclaré.

Pour l’instant, la main tendue iranienne n’a pas été encore saisie par Trump. Durant les premiers jours de son nouveau mandat, il est accaparé par les dossiers internes en premier lieu desquels celui de l’immigration qui est sa priorité absolue. Les Iraniens qui cherchent l’apaisement et les Israéliens qui veulent en découdre doivent attendre ce que fera l’homme fort de l’Amérique et du monde.

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