Même isolé en prison, Marwan Barghouti fait peur aux Israéliens

On reconnaît la petitesse d’un homme à la façon dont il traite ceux qui sont à sa merci. Et la petitesse d’Itamar Ben-Gvir et des autres membres du cabinet extrémiste au pouvoir actuellement en Israël a toujours trouvé des occasions pour se révéler de la manière la plus abjecte qui soit. Et pas seulement à Gaza.   

Khémaïs Gharbi *

Il est des images qui, plus que des discours, révèlent l’âme d’un pouvoir. Celle qui circule depuis hier, jeudi 14 août 2025, dans les informations en est un exemple glaçant. On y voit Itamar Ben-Gvir, ministre israélien de la Sécurité nationale, entrer de force dans la cellule nue, sans lit, où croupit depuis plus de vingt-deux ans le militant palestinien Marwan Barghouti. Sans respect, sans pudeur, il franchit le dernier rempart qui restait à cet homme brisé : son intimité. Face à lui, un prisonnier de 66 ans, amaigri, voûté, méconnaissable, qui en paraît quatre-vingt-dix. Un corps chétif, un silence qui pèse plus que mille paroles. Et, pour toute «visite officielle», des menaces extrêmes pour les Palestiniens. Vidéo.

L’ignominie la plus abjecte

Quelle gloire peut-on tirer d’une telle scène ? Quel prestige espère-t-on à humilier un vieillard, enfermé depuis un quart de siècle, loin des siens, privé d’air et de lumière ? Ce geste ne témoigne ni de force ni de courage; il incarne l’ignominie la plus abjecte.

Car Marwan Barghouti n’est pas un prisonnier ordinaire. Surnommé le «Mandela palestinien», il fut arraché à la liberté le 15 avril 2002, en pleine seconde Intifada, jugé lors d’un procès inique, et condamné à cinq peines de prison à perpétuité pour «terrorisme». Depuis, il passe de geôle en geôle : Megiddo, Ofer, Ayalon… Toujours sous un régime d’isolement et de sévices, souvent battu, parfois laissé sans soins. À Ayalon, il vit dans une cellule sans lit ni fenêtre, où le jour et la nuit se confondent.

Et pourtant, cet homme continue de faire peur. Même derrière les barreaux, il est réélu député, il inspire l’unité palestinienne, il défend la solution des deux États dans les frontières de 1967. En 2017, il lança avec des centaines de codétenus une grève de la faim pour réclamer des droits élémentaires; il obtint quelques améliorations. Mais pour ses geôliers, il demeure une menace : celle de l’espoir.

Le dernier jour de l’occupation

Ce que montre la vidéo, ce n’est pas la puissance d’un État, mais la peur d’un homme libre enchaîné. On ne maltraite pas ainsi un vieillard par bravoure : on le fait par crainte de ce qu’il représente. Et ce qu’il représente, c’est la possibilité d’un autre avenir, celui où la paix viendrait clore l’occupation.

En 2015, depuis la cellule 28 de la prison de Hadarim, Barghouti écrivait : «Le dernier jour de l’occupation sera le premier jour de paix.»

Aujourd’hui, ce message résonne plus fort que jamais. Les humiliations, les menaces, les murs, tout cela s’effacera un jour. Et il restera, dans la mémoire collective, que certains ont choisi la dignité, et d’autres la bassesse.

Vidéo.

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