Dominique de Villepin à Sousse | Un potentiel candidat à l’Elysée

La visite de Dominique de Villepin vendredi dernier en Tunisie dans le cadre des Journées de l’entreprise organisées du 11 au 13 décembre 2025 à Sousse par l’Institut arabe des chefs d’entreprises (IACE) constitue à plusieurs titres un événement politique important même si elle s’inscrit dans un cadre privé, car il ne s’agit pas seulement d’un ancien Premier ministre et ancien ministre des Affaires étrangères de la France, mais d’un potentiel et très probable candidat à l’Elysée en 2027.

Raouf Chatty 

Cette visite s’est déroulée dans un contexte politique, économique et social très tendue alimenté par les procès faits sous différents chefs d’accusation à des opposants et par les critiques dont fait l’objet à l’étranger la situation droits de l’homme et des libertés en Tunisie. Ce dont le régime en place se défend, en rejetant avec véhémence ce qu’il appelle des ingérences extérieures dans les affaires intérieures du pays.

La visite s’est déroulée également dans un contexte français et européen extrêmement compliqué tout comme dans un environnement maghrébin explosif marqué par la rupture totale des relations bilatérales entre l’Algérie et le Maroc, sur fond de positions diamétralement opposées sur le statut du Sahara occidental, de crise politique et diplomatique profonde entre Alger et Paris, et de froid sans précédent depuis des décennies dans les relations diplomatiques entre Tunis et Rabat.

Positions équilibrées sur les questions arabes

Homme d’État mondialement connu, ancien ministre des Affaires étrangères et ancien Premier ministre, s’inscrivant dans le sillage  de la politique de son mentor, l’ancien président Jacques Chirac, connue pour ses positions équilibrées sur les questions arabes, sa visite en Tunisie ne pouvait laisser indifférent, car elle lui a sans doute permis de prendre connaissance de la situation générale en Tunisie, tout en donnant l’occasion à ses interlocuteurs tunisiens d’entrevoir comment la France post Macron pourrait être régie.

L’homme est de plus en plus présenté aujourd’hui comme un candidat probable pour la prochaine élection présidentielle. Ayant la faveur de larges franges de Français, il ne manque pas d’atouts pour accéder au Palais de l’Elysée en 2027. 

Pour beaucoup d’observateurs politiques, en France comme ailleurs, il est le seul capable pour l’heure de redonner à la France son rang et son statut dans le monde, largement entamés ces dernières années, et de rééquilibrer ses relations avec le monde arabe. 

Des relations plus apaisées entre Paris et Alger

Les positions de De Villepin sont désormais décortiqués, en France et à l’étranger où il est vu comme le politique français qui incarne le mieux aujourd’hui l’humanisme et la sagesse de la droite gaulliste. Son discours renvoie aux positions éclairées et équilibrées du président Chirac notamment sur le Moyen-Orient. Il est d’autant plus apprécié qu’il est soucieux de l’établissement de relations politiques et économiques solides et respectueux de la souveraineté des États partenaires. 

Cette visite est également un clin d’œil en direction de l’Algérie, Dominique de Villepin s’étant toujours prononcé, publiquement pour des relations politiques apaisées entre Paris et Alger, qui mettent fin aux tensions récurrentes entre les deux pays, lesquelles ont atteint en 2026 des niveaux sans précédent, aggravées récemment par le quasi alignement de la position officielle de la France sur celle du Maroc sur la question du Sahara occidental.

* Ancien ambassadeur. 

Donnez votre avis

Votre adresse email ne sera pas publique.

error: Contenu protégé !!