Zohran Mamdani et Ahmed El Ahmed ont beaucoup fait parler d’eux ces dernières semaines dans le médias du monde pour des raisons différentes, mais en tant que Musulmans vivant dans des pays occidentaux, ils ont contribué, chacun à sa manière et sans vraiment le vouloir, à déconstruire le préjugé qui voudrait lier invariablement l’image des musulmans à l’antisémitisme. (Ph. Mamdani et El Ahmed, qui ont eu droit à la couverture du célèbre magazine américain ‘‘Time’’ sont indiscutablement les deux Musulmans de l’année 2025).
Jamila Ben Mustapha *

Ce n’est un secret pour personne que l’image des musulmans dans les médias occidentaux est, pour le moins qu’on puisse dire, loin d’être positive, étant le produit d’une part, des méfaits catastrophiques de l’idéologie jihadiste des dernières décennies, d’autre part de l’attitude de rejet, par les mêmes médias, de cette communauté souvent prise comme bouc émissaire. Il n’empêche que la généralisation de ce rejet dont rend bien compte le terme d’«islamophobie», ne peut être acceptée, comme tout jugement systématique visant un groupe donné.
Récemment, pourtant, eux événements ont eu lieu que nous pourrions considérer comme formant «une exception à la règle» de la méfiance qui entacherait les rapports entre les juifs et les musulmans, et constituant une brèche si bien venue plantée dans ce mur qui existerait entre eux.
Tout d’abord, incroyable mais vrai, la ville de New-York dont presque un million d’habitants sont de confession juive, élit, le 5 novembre dernier, un maire musulman, Zohran Mamdani.
Ensuite et surtout, l’attentat islamiste qui s’est produit àBondi en Australie, ce 14 décembre, et a abouti au meurtre de 15 Australiens de confession juive, a mis en lumière le comportement qualifié d’héroïque par le monde entier, non pas d’un intellectuel – dont la spécialité est, il est vrai, l’analyse et non l’action –, mais d’un modeste marchand de fruits d’origine syrienne, né en Australie, Ahmed El Ahmed : il s’est en effet précipité pour désarmer un des tueurs jihadistes en se faisant tirer dessus par le second.
Par ce geste spontanément réparateur de l’horreur, non seulement il devient un héros mondial visité à l’hôpital par le Premier ministre australien lui-même, mais il contribue spontanément à déconstruire le préjugé qui voudrait lier invariablement l’image des musulmans à l’antisémitisme.
À en croire, en effet, beaucoup de médias occidentaux, par un mécanisme de projection servant à faire oublier le rejet massif des juifs par l’Allemagne nazie lors de la deuxième guerre mondiale et ayant abouti au massacre de millions d’entre eux, les Arabes et les musulmans seraient des antisémites par essence. Ce que les historiens, y compris juifs, ont toujours catégoriquement démenti.
Rendons grâce à ce monsieur qui n’a certainement pas prévu que son geste de quelques secondes allait avoir des implications énormes, internationales, qui nous a montré que le progrès et la lumière ne sont pas forcément l’œuvre de l’élite mais peuvent être déclenchés par une personne humble, et souhaitons en définitive que ce genre de démenti à l’antisémitisme prétendu des musulmans, reçoive de plus en plus d’illustrations dans la réalité.
* Ecrivaine.



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