Après Abdellatif Mekki, c’est au tour de Mohamed Ben Salem de désavouer Rached Ghannouchi, qui a appelé Youssef Chahed à ne pas se présenter à la présidentielle de 2019.
Le 1er août 2017, le président d’Ennahdha, Rached Ghannouchi, a appelé Youssef Chahed, actuel chef du gouvernement, à ne pas présenter sa candidature à la présidentielle de 2019, car il est censé veiller à la bonne organisation de ce scrutin, a-t-il expliqué. Mais tout le monde a compris, à travers cette déclaration, que le leader islamiste brigue lui-même le Palais de Carthage et y pense… en ne se rasant pas le matin. Ce qui n’a pas manqué de susciter des réactions très critiques, et pas seulement parmi les adversaires du parti islamiste.
En effet, les propos de Ghannouchi n’ont pas fait l’unanimité parmi les Nahdhaouis. L’ancien ministre de l’Agriculture et actuel député Mohamed Ben Salem a indiqué, aujourd’hui, vendredi 11 août 2017, sur Cap FM, que la candidature à la présidentielle est un droit garanti à tout Tunisien répondant aux conditions exigées par la constitution, ajoutant qu’il ne s’explique pas les raisons de l’appel de Ghannouchi.
Mohamed Ben Salem a rappelé que l’on ne peut pas comparer la situation du chef du gouvernement actuel à celle de Mehdi Jomaa, en 2014, comme le fait Ghannouchi. Et pour cause : avant de prendre sa fonction de chef de gouvernement provisoire, M. Jomaa s’était engagé à ne pas se présenter à la présidentielle de 2014, ce qui n’est pas le cas de Youssef Chahed, a expliqué le membre du conseil de la choura d’Ennahdha.
On rappellera, dans ce même contexte, que Abdellatif Mekki avait, hier, sur Mosaïque FM, qualifié l’appel lancé par le chef de son parti, d’«erreur de communication», tout en assurant que la position de Ghannouchi n’exprime pas la position officielle d’Ennahdha, comme cela avait d’ailleurs été souligné par le président du conseil de la choura, Abdelkarim Harouni.
L’ancien ministre de la Santé et actuel député a même cru devoir affirmer que Youssef Chahed pourrait être le candidat d’Ennahdha à la présidentielle de 2019, laissant ainsi entendre que Rached Ghannouchi ne devrait pas se passer de l’accord des dirigeants d’Ennahdha pour présenter sa candidature à ce scrutin, comme il semble en avoir l’intention. Ambiance…
Quand on sait que Youssef Chahed ne s’est pas encore exprimé sur le sujet, préférant assumer convenablement ses tâches de chef du gouvernement – et il a du pain sur la planche -, on peut estimer que la présidentielle de 2019 occupe au plus haut point les dirigeants du parti islamiste et que ces derniers ont beaucoup de mal à accorder leur violons sur la marche à suivre.
De là à penser que les appétits des loups nahdhaouis s’aiguisent et que beaucoup d’entre eux piaffent d’impatience au point de sortir prématurément du bois…
Yüsra Nemlaghi
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