Béji Caïd Essebsi – Hamma Hammami : la guerre des petites phrases.
Intervenant sur la chaîne France24, mercredi 20 septembre 2017, Hamma Hammami a sévèrement répliqué à Béji Caid Essebsi (BCE).
Pour le porte-parole du Front populaire (FP), le président de la république «tient le même discours que ses alliés. En quoi diffère-t-il des Frères musulmans qui traitent leurs opposants de ‘‘zanadiq’’ (mécréants, déviants, Ndlr)?», a-t-il déclaré.
Dans un entretien sur la chaîne Al Wataniya 1, lundi 18 septembre, le président de la république avait attaqué de manière virulente Hamma Hammami, le qualifiant de «faseq» (pervers, insolent, Ndlr), en citant un verset coranique qu’il utilisait fréquemment, lors de sa campagne présidentielle, en 2014, pour critiquer les islamistes d’Ennahdha, ses irréductibles adversaires d’hier devenus ses très chers alliés aujourd’hui.
Le chef de l’Etat réagissait aux propos de Hamma Hammami parus quelques jours auparavant sur le journal ‘‘Le Maghreb’’, et qui affirmait que le président de la République «cherche à changer le régime politique afin que son fils (Hafedh Caïd Essebsi, directeur exécutif de Nidaa Tounes, Ndlr) puisse hériter de l’institution présidentielle».
Dans sa réponse à l’attaque de BCE, Hamma Hammami a rappelé un fait historique. «Ce terme de ‘‘fasseq’’ a déjà été utilisé par les ennemis de Bourguiba, le 2 mars 1934, lorsqu’il a quitté le parti Destour pour créer le Néo-Destour. Ce rappel devrait rafraîchir la mémoire du président», a-t-il dit, ironisant sur la fallacieuse filiation bourguibienne revendiquée par Béji Caïd Essebsi, et revendiquant, lui-même, désormais, cette filiation. Et de continuer à lancer des fléchettes en comparant les propos du président de la République «aux discours de Ben Ali qui traitait ses opposants de traîtres, de pervers et de fauteurs de troubles. Un président démocrate n’a pas besoin de recourir à un tel discours belliqueux».
Le porte-parole du Front populaire n’a pas manqué l’occasion de reprendre sa thèse selon laquelle «le régime politique actuel s’apparente à un pouvoir familial».
«Il me semble que le président de la République n’accepte pas le principe de la séparation des pouvoirs. Il paraît aussi qu’il ne supporte pas la liberté de la presse ni l’autonomie de la justice», a-t-il conclu.
H. M.
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