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Daech à l’Assemblée : La (fausse) blague de 2017

Sur le plan symbolique, l’élection d’un islamiste extrémiste, lors de la législative partielle d’Allemagne, fait entrer Ben Laden au parlement tunisien.

Par Tarak Arfaoui *

Dans toutes les démocraties du monde, les assemblées nationales ne sont certes pas politiquement uniformes. On y retrouve les élus de toutes les tendances qui sont le reflet des convictions de leurs électeurs dans les limites que permet la décence politique.

Un jeu démocratique vicié

En Tunisie notre assemblée nationale qui avec le temps est devenue un véritable cirque où le nomadisme politique et le trafic en tout genre font la loi, où des analphabètes, des guignols et des névropathes tiennent le haut du pavé, va avoir l’insigne privilège d’accueillir sur ses bancs un nouveau député qui ne manquera que la Kalachnikov et l’étendard de Daech pour se pavaner dans l’hémicycle, fier de son passé d’agitateur réactionnaire et d’extrémiste, ne se privant pas de narguer ses collègues et tout le peuple tunisien grâce aux mécanismes d’un jeu démocratique vicié qui a permis sa députation.

Yassine Ayari, puisque c’est de lui qu’il s’agit, est devenu, par un miracle démocratique, un honorable député qui va être royalement rémunéré par le contribuable, qui va avoir une retraite dorée tout en crachant son venin d’extrémiste sur le peuple sous couvert d’une immunité inespérée que lui permet sa fonction parlementaire.

Cet homme, on le sait, est fait d’un seul bloc. Son seul mérite qu’il a eu est de ne jamais avoir renié ses convictions politiques qu’il a assumées haut et fort et qui ont largement dépassé les limites de celles de l’extrême droite classique. Dans ses discours, il n’a pas hésité à utiliser comme combat politique le langage de l’intolérance et de la violence sur fond de haine et de rancœur, ni à faire l’apologie de la lutte armée, ni à couvrir de louanges l’un des pires terroristes qu’a connus l’humanité en l’occurrence Ben Laden, ni à se de draper fièrement dans l’étendard des terroristes de Daech, ni à prendre ouvertement fait et cause pour les terroristes qui ont assassiné ses concitoyens.

Un «monstre» sous la coupole du parlement

Ce «monstre» va avoir l’insigne honneur d’être un représentant d’une frange du peuple tunisien, il va défendre à l’assemblée les convictions extrémistes d’une insignifiante racaille qui la porte là où il est en profitant du jeu démocratique.

En fait, pourrait-on parler de jeu démocratique quand on est élu avec le suffrage de 5% du corps électoral?

Les 95% des électeurs, qui ont snobé les élections, mesurent-ils la gravité de leur comportement incivique?

Nos honorables députés qui ont planché sur les lois électorales mesurent-ils réellement leur amateurisme et leur incompétence qui a permis ce genre de mascarade?

Le chef du gouvernement Youssef Chahed a-t-il réellement mesuré l’impact politique que pourrait engendrer le retrait d’un député rappelé à des fonctions gouvernementales en laissant son siège vide? Etait-il à ce point indispensable et quel apport décisif au travail du gouvernement en attend-t-on?

Les grands partis (sic !), en l’occurrence les concubins provisoires Nidaa et Ennahdha, qui se croient des mastodontes avec leurs grande logistique et milliers de militants (re-sic !), mesurent-ils réellement l’étendue du désastre qui les attend dans les prochaines élections?

Le fils de son père aura-t-il l’intelligence de faire amende honorable et de comprendre une fois pour toutes que pour lui et les grands manitous qui le conseillent (les Toubel, Bsaies, Chouket…) les carottes (politiques) sont cuites?

Cette farce saura-t-elle réveiller le bon peuple tunisien de son habituelle léthargie pour espérer un sursaut salvateur lors des prochaines élections qui nous épargnera ce genre de cauchemar?

* Médecin de libre pratique.

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