Tunisie : Hommage à Mohamed Brahmi, assassiné le 25 juillet 2013

La Tunisie célèbre ce jeudi 25 juillet 2024 la fête de la République, qui coïncide avec le triste anniversaire de l’assassinat de Mohamed Brahmi, lâchement assassiné par des extrémistes religieux. Hommage au martyr de la nation, pour perpétuer le souvenir d’un homme engagé, courageux et intègre.

Le 25 juillet 2013, Mohamed Brahmi père de famille, député de gauche et fervent opposant au parti islamiste Ennahdha a été tué de 14 balles tirées à bout portant, devant son domicile à la cité El-Ghazela au gouvernorat de l’Ariana. Une nouvelle douloureuse et accablante dans une Tunisie qui se battait alors contre l’obscurantisme et le terrorisme, marquant le 2e assassinat politique de l’époque après celui de son camarade Chokri Belaïd (Watad), tué le 6 février de la même année, de la même manière et par les mêmes parties.

Né le 15 mai 1955 à Sidi Bouzid, Mohamed Brahmi, titulaire d’un diplôme en comptabilité de l’Institut supérieur de gestion (ISG) était enseignant de son état. Dans les années 1980 alors qu’il était membre du Mouvement des étudiants arabes progressistes et unionistes, il avait été arrêté à plusieurs reprises à cause de son engagement politique.

Engagé pour la démocratie, dans la défense des libertés et des droits humains, il a poursuivi son combat après la révolution tunisienne et a été élu sur une liste du Mouvement du peuple devenant en 2012 député à l’Assemblée nationale constituante (ANC) et avait ensuite fondé le Courant populaire début juillet 2013, en poursuivant son militantisme et son combat pour une Tunisie libre.

Déterminé et rassembleur, il avait notamment contribué à la création du Front populaire, coalition rassemblant les partis de gauche et durant son mandat de député, armé de son courage et de son amour pour la patrie, il s’était illustré par ses vives critiques de la montée de l’obscurantisme en Tunisie, pointant du doigt à ce propos la responsabilité du gouvernement et ne cessait d’avertir l’opinion publique contre la montée du terrorisme dans le pays.

Mohamed Brahmi avait aussi sans cesse dénoncé les dérives et les abus du parti islamiste Ennahdha, alors au pouvoir et avait notamment, révélé l’existence d’un trafic d’armes, dans le sud de la Tunisie et l’implication d’une «police parallèle» au service du parti islamiste.

Dans la matinée du jeudi 25 juillet 2013, Mohamed Brahmi a quitté son domicile pour célébrer avec ses compatriotes la fête de la République, quand il a été assassiné à quelques pas de sa maison. Ce 2e assassinat a enclenché des manifestations de colère dans tout le pays ayant alors contribué au départ du gouvernement Ali Larayedh et à la mise en place d’un gouvernement de technocrates dirigé par Mehdi Jomaa.

En 2014, le terroriste franco-tunisien Boubaker El Hakim, membre de l’organisation terroriste de l’État islamique de Daech (tué en 2016 en Syrie) avait revendiqué les deux assassinats politiques en menaçant de retourner au pays pour en perpétrer d’autres « jusqu’à ce que la Tunisie applique la loi islamique… »

Parmi les terroristes impliqués dans l’assassinat de Brahmi, on compte Ahmed Melki alias Somali, qui était le voisin de sa victime et qui est actuellement en détention. Somali s’était par ailleurs évadé en octobre dernier, avec 4 autres éléments, de la prison de la Mornaguia, avant d’être arrêté après 5 jours de cavale.

Si la plupart des terroristes liés à ce crime politique ont été arrêtés ou éliminés, les commanditaires quant à eux, ils n’ont toujours pas été inquiétés et n’ont pas payé cet acte odieux … et le peuple attend toujours que la vérité soit enfin révélée et que justice soit faite…

Mohamed Brahmi, martyr de la nation, assassiné le jour de la fête de la République restera dans la mémoire collective, comme un homme juste, droit et intègre, qui sa vie durant a servi avec abnégation, son pays qu’il aimait plus que tout…

Yûsra Nemlaghi

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