Le poème du dimanche ‘‘En quel pays’’ de Bachir Hadj Ali

Né à Alger en 1920 et décédé dans la même ville en 1991, Bachir Hadj Ali est poète et militant politique. Auteur de recueils, d’essais culturels et politiques.

Figure de la littérature et de la lutte nationale, il est l’un des leaders importants du Parti communiste algérien. Emprisonné et torturé par le colonisateur comme par le régime de Boumediène, auquel il était opposé, son œuvre, aujourd’hui presque oubliée, est engagée idéologiquement, non sans lyrisme, marquée par la résistance et le rêve de liberté.

Poésie : Chants pour le 11 décembre, Ed. La Nouvelle critique, 1963.  Chants pour les nuits de septembre, Ed. Minuit 1966 ; Que la joie demeure, JP Oswald, 1970.

Tahar Bekri

Printemps frêle

D’arbrisseaux de fragilité

Enfant de siècles anciens

Et de volontés nouvelles

Bourgeons tenaces

Printemps inachevé

Au cœur d’un été agonisant

Printemps puni

Avec toute la classe

Ce soir mes cœurs sont dévastés

Nos fronts rouges

Notre pain dur à couper

Ce feu n’est pas une offrande de braise

Ces menaces ne sont pas féconde pluie

Dans cette vallée des élans et des arts

Dans cette veillée muette

Se confondent grisaille des murs

Vérité verdoyante et doutes

Te rappelles-tu les rêves

De la rivière dorée

Et la colline de son âge

Et des ponts mal éclairés

Et le feuillage dans l’eau

Robes légères

Un sel déposé par la danse

Ce soir l’air est de poudre déchiré

Ce soir l’air je ne peux t’écrire

Ce soir j’ai besoin de crier

Comme ce besoin d’aimer

En quel pays en quelle année

Sommes-nous

Est-ce le temps revenu

Des camardes torturant leurs camarades

La lumière s’éteint

Le jour se cogne aux vitres sales

Printemps menacé

Nous serons défaits par ta défaite

Nous mourrons de ta mort

Mais nous serons adultes

Définitivement

‘‘Que la joie demeure’’, Pierre-Jean Oswald, 1970.

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