Aïda Hichri : «Nous sommes revenus au climat de la peur et de la censure»

«La liberté de la presse a beaucoup régressé en Tunisie et nous sommes revenus au climat de la peur, de la censure», a déclaré la vice-présidente du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT), Aïda Hichri.

Intervenant ce samedi 12 octobre 2024 dans l’émission ‘‘Weekend al-kif’’ sur Diwan FM, Aïda Hichri a affirmé que les journalistes dans les médias publics subissent toutes sortes de pressions et de harcèlements, ce qui a obligé récemment les ceux de l’agence Tunis Afrique Presse (Tap) à réagir pour protester contre la censure à laquelle ils sont soumis, a-t-elle souligné, ajoutant : «Nous n’appartenons à personne». Ce qu’ont peut traduire par : «Nous sommes indépendants et nous ne faisons allégeance à aucune partie».

Le SNJT a présenté une initiative à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) pour amender le décret-loi n° 2022-54 du 13 septembre 2022, relatif à la lutte contre les infractions se rapportant aux systèmes d’information et de communication, souvent utilisé par les juges pour condamner à des peines de prison des journalistes, des activistes politiques, des acteurs de la société civile et même de simples citoyens pour une déclaration médiatique ou un commentaire sur les réseaux sociaux.

«67 députés ont adopté notre initiative législative, mais elle n’a pas trouvé d’écho positif [auprès de leurs collègues]», a-t-elle déclaré, pour signifier que cette initiative a été rapidement enterrée. «Ce décret-loi 54 et notamment son article 24 doit être nécessairement amendé, car il représente un vrai danger pour les libertés en général dans le pays, et non seulement pour les journalistes», a insisté Aïda Hichri.

Rappelons que l’article 24 en question stipule ceci :

«Est puni de cinq ans d’emprisonnement et d’une amende de cinquante mille dinars quiconque utilise sciemment des systèmes et réseaux d’information et de communication en vue de produire, répandre, diffuser, ou envoyer, ou rédiger de fausses nouvelles, de fausses données, des rumeurs, des documents faux ou falsifiés ou faussement attribués à autrui dans le but de porter atteinte aux droits d’autrui ou porter préjudice à la sureté publique ou à la défense nationale ou de semer la terreur parmi la population.

«Est passible des mêmes peines encourues au premier alinéa toute personne qui procède à l’utilisation de systèmes d’information en vue de publier ou de diffuser des nouvelles ou des documents faux ou falsifiés ou des informations contenant des données à caractère personnel, ou attribution de données infondées visant à diffamer les autres, de porter atteinte à leur réputation, de leur nuire financièrement ou moralement, d’inciter à des agressions contre eux ou d’inciter au discours de haine.

«Les peines prévues sont portées au double si la personne visée est un agent public ou assimilé.»

I. B.

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