Après quinze mois de bombardements intensifs sur la bande de Gaza, l’armée israélienne, soutenue diplomatiquement et militairement par les Etats-Unis, la première puissance mondiale, et la plupart des Etats européens, n’a pas atteint son objectif stratégique : déplacer ou éradiquer la population palestinienne de ce territoire exigu. (Illustration : Après 15 mois de bombardements israéliens sur Gaza, les Palestiniens sont toujours debout.)
Khemaïs Gharbi *
Malgré l’ampleur de la destruction et le coût humain incommensurable, le peuple palestinien demeure fermement enraciné sur sa terre, démontrant une résilience qui défie toutes les projections militaires et politiques israéliennes.
Cet échec cinglant de l’Etat d’Israël et de ses alliés occidentaux met en lumière une vérité fondamentale : aucune puissance, quelle que soit son arsenal, ne peut éradiquer un peuple déterminé à défendre son existence.
Une politique de nettoyage ethnique
Face à cette impasse, les États-Unis, par la voix du président Donald Trump, tentent d’obtenir par la ruse ce qu’Israël n’a pas pu arracher par la force. La récente proposition adressée à l’Égypte et à la Jordanie d’accueillir 1,5 million de Palestiniens de Gaza illustre une approche qui repose sur le fait accompli : forcer un exil massif sous couvert d’une solution «humanitaire». Cependant, ni l’Égypte ni la Jordanie ne sont prêtes à endosser une telle responsabilité, conscientes que céder à cette demande reviendrait à cautionner une politique de nettoyage ethnique. Accepter un tel transfert reviendrait à entériner la disparition de la cause palestinienne, une perspective inacceptable tant pour ces nations que pour la communauté internationale.
Or, le peuple palestinien n’est pas un simple enjeu diplomatique que l’on peut déplacer au gré des intérêts stratégiques. Son droit à l’autodétermination a été reconnu par une majorité écrasante des États membres de l’Onu. Si la solution des deux États, portée par les résolutions onusiennes, et acceptée par les Palestiniens et les Arabes, n’a jamais pu voir le jour, c’est en grande partie en raison du veto systématique des États-Unis, protecteurs inconditionnels d’Israël depuis 1948. Ce soutien sans faille a permis à Tel-Aviv de s’affranchir du droit international, de poursuivre l’occupation et d’étendre la colonisation en toute impunité, retardant toute possibilité de paix durable.
Mais l’Histoire nous enseigne que la force brutale ne peut éternellement dicter l’ordre du monde. Aucun État, aussi puissant soit-il, ne peut redessiner la carte géopolitique selon ses seuls intérêts. Ceux qui misent sur la coercition, le chantage et la manipulation pour imposer leur volonté finissent tôt ou tard par se heurter aux dynamiques imprévisibles de l’évolution historique.
La politique du fait accompli ne peut toujours triompher
Le monopole de la puissance n’est plus ce qu’il était : les moyens de résistance, qu’ils soient diplomatiques, médiatiques ou militaires, se diversifient et se démocratisent. La politique du fait accompli, qui a longtemps servi Israël et ses alliés, se heurte aujourd’hui à une prise de conscience globale et à un monde en mutation.
L’échec d’Israël à Gaza est donc plus qu’un simple revers militaire; il signe l’effondrement d’une logique de domination qui croyait pouvoir écraser un peuple sans subir de contrecoup. Ni la force, ni la ruse, ni la complicité des grandes puissances ne peuvent effacer la légitimité de la cause palestinienne. Tant que le droit international sera bafoué et qu’une paix juste ne sera pas imposée, le conflit perdurera, avec des conséquences imprévisibles pour tous les acteurs impliqués.
* Ecrivain et traducteur.
Donnez votre avis