Les signataires de l’Accord de Carthage continuent de négocier la tête du chef du gouvernement, alors que la Tunisie s’enfonce dans un état de léthargie. Et pendant ce temps, Ennahdha pousse son avantage.
Par Karim Baklouti Barketallah *
Accord de Carthage 2: ils se sont réunis. Il y avait 64 points dans le document. Ils n’en n’ont discuté que le 64e. Celui de l’éviction de Youssef Chahed.
Aucun bilan du travail de ce gouvernement n’a été fait et aucune évaluation objective de son rendement.
Le président de la république Béji Caïd Essebsi a préféré ne pas se prononcer, ne pas s’opposer à son fils, Hafedh, ci-devant directeur exécutif de Nidaa Tounes, entretenant le flou dans sa position sur le sujet alors qu’il aurait pu dire que le gouvernement a échoué et qu’il se devait d’être changé ou que le moment n’est pas propice car nous avons besoin de stabilité.
Quasiment tous les signataires du document ont demandé la tête de Chahed sauf Ennahdha (ainsi que Al-Moubadara, Al-Massar et l’Union tunisienne de l’agriculture et de la pêche).
Ennahdha a mis son véto non pas par amour pour Youssef ou parce qu’ils sont plus pragmatiques que les autres. Ils l’ont fait car ils ont là une carte pour négocier et c’est le jeu auquel joue Ennahdha depuis 2011. Toujours donnant-donnant.
Ce veto d’Ennahdha, qui a obtenu que cette réunion demeure ouverte jusqu’à lundi, lui permettra de négocier les présidences des municipalités, la poursuite des activités de l’Instance Vérité et Dignité (IVD) et bien d’autres sujets dont les nominations au sein du ministère de l’Intérieur ainsi que, certainement, les prochains ministres de souveraineté, sujet sur lequel Ennahdha a toujours été intransigeant.
Si Béji Caïd Essebsi ne tranche pas, Ennahdha lâchera Chahed, lundi, ou au plus tard à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), lors du vote de confiance à son gouvernement.
Résultat des courses : le pays va demeurer dans un état de léthargie jusqu’à la prise de décision. Les ministres vont être désœuvrés ne sachant pas à quelle sauce ils vont être mangés et l’administration, déjà très mal en point, va encore sombrer dans un sommeil profond
Pendant ce temps, le Fonds monétaire international (FMI), dont la délégation se trouve actuellement à Tunis, a dit : «Faites ce que vous voulez à partir du moment où vous appliquez les recommandations que l’on vous a données».
Tous disent que le pays va mal, et ils contribuent tous à l’enfoncer encore davantage.
* Chef d’entreprise.
** Le titre est de la rédaction.
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