Mohamed Ali Hammi et Farhat Hached doivent se retourner dans leur tombe en voyant la manière avec laquelle la centrale syndicale est actuellement dirigée.
Par Tarak Arfaoui
Après la vilaine dictature de Ben Ali et le terrorisme armé des islamistes, le sort semble bel et bien s’acharner sur la Tunisie, qui est actuellement frappée de plein fouet par un fléau destructeur aussi grave que les précédents : le corporatisme syndical irresponsable et opportuniste qui, tel une maladie pernicieuse, est en train de gangrener lentement mais sûrement l’économie et mettre à genoux tout le pays.
Il est vrai que nul ne peut nier le passé glorieux du syndicalisme, en Tunisie, représenté par la vénérable centrale syndicale qu’est l’UGTT, ni son combat décisif pour la décolonisation, l’indépendance et le développement économique et social du pays.
Les sacrifices de ses martyrs, de ses dirigeants, de ses militants sincères resteront toujours gravés dans la mémoire collective du pays.
Les (ir)responsables syndicaux
Malheureusement, au fil du temps, ces grandes valeurs ont progressivement été abandonnées et l’analyse des événements qui se sont succédé ces dernières années, et surtout ces derniers mois, ne permettent pas de dire que ceux qui ont pris le flambeau du syndicalisme se sont bien imprégnés des nobles valeurs de leurs prédécesseurs.
La participation de l’UGTT au dialogue national comme un partenaire central dans les tractations ayant permis de sortir le pays de la crise politique a donné quelques illusions aux plus optimistes qui ont rapidement déchanté au vu de la succession des troubles sociaux ayant secoué dernièrement le pays sous la houlette de la centrale syndicale. Les grèves à outrance, bien orchestrées et cycliques, se succèdent et se ressemblent toutes, aussi pernicieuses les unes que les autres, sur fond de revendications salariales tout azimut dans un contexte de marasme économique sans précédent dans l’histoire contemporaine du pays.
Les (ir)responasables syndicaux savent très bien que le pays est en panne depuis 5 ans, qu’il a dépassé les limites de l’endettement acceptable, que le budget de l’Etat est grevé par une masse salariale colossale, que les devises se font rares à cause de la baisse des exportations, principalement celles du phosphate (moins 50%) et du tourisme, qui est à l’agonie (moins 40 % cette année), que le taux de croissance risque fort d’être négatif cette année, une première en Tunisie, et que les perspectives du marché mondial sont inquiétantes.
A situation exceptionnelle, sacrifices exceptionnels
Sur fond de calculs électoralistes ou de machiavélisme et d’opportunisme politiques, certains gauchistes radicaux attardés n’ont pas trouvé mieux que d’utiliser la centrale syndicale pour faire des surenchères à n’en plus finir avec des revendications essentiellement salariales sans cesse renouvelées malgré les efforts du gouvernement pour les satisfaire (grève des enseignants), parfois corporatistes (grève du personnel paramédical de l’hôpital de Sfax), quelquefois vicieuses (grève des transporteurs du carburant ) prenant en otage l’avenir de nos enfants, la santé de nos concitoyens et les rouages essentiels de notre économie.
A situation exceptionnelle, il aurait fallu des sacrifices exceptionnels, un labeur exceptionnel sur fond de patriotisme sans bornes pour faire sortir le pays du marasme dans lequel il est empêtré.
En regardant agir les dirigeants actuels de l’UGTT, on mesure le fossé abyssal qui les sépare d’hommes exceptionnels de la trempe de Mohamed Ali Hammi ou Farhat Hached qui doivent bien se retourner dans leur tombe en voyant la manière avec laquelle la centrale syndicale est actuellement dirigée.
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