Mohamed Ben Smail, l’un des pionniers de la presse, du tourisme et de l’édition en Tunisie et au Maghreb, nous a quittés, aujourd’hui, vendredi 6 juillet 2018, après une longue maladie.
Par Ridha Kefi
L’enterrement aura lieu demain, samedi 7 juillet, après la prière du «dhohr», au cimetière du Jellaz, à Tunis.
Le convoi funèbre partira du 12 impasse Ibn Chabbat, El Menzah 1, Tunis.
Nos condoléances vont à son épouse Josette Varvaro, ses fils Karim et Rachid, ses petits-enfants Taïz, Youssef, Amine et Amina, ses belles-filles Nédra Karray et Michelle Barbara, ses neveux et nièces, Ridha, Radhia et Raja Boubekri, les familles Ben Smail, Najar, Varvaro, Boubekri, Karray, Barbara, Mahsni, Thabet et les familles parentes et alliées.
Tous les chemins mènent au livre
Natif de Djerba, île à laquelle il était resté très attaché toute sa vie, Mohamed Ben Smail a été un touche-à-tout génial, mais sa grande passion a toujours été le livre et l’édition et ce qu’il aimait par-dessus tout c’était l’amitié et la fréquentation des écrivains et des artistes.
Au lendemain de l’indépendance de la Tunisie, en 1956, il était un jeune diplômé de droit (avec une licence obtenue en 1954). Dans un jeune pays où tout était à faire, il a co-fondé avec Béchir Ben Yahmed, le journal ‘‘Afrique Action’’. L’hebdomadaire, dont il a été pendant plusieurs années le rédacteur en chef, changera ensuite de nom et deviendra ‘‘Jeune Afrique’’, avant de partir s’installer à Rome puis à Paris.
Mohamed Ben Smaïl a préféré rester à Tunis, où il a été nommé directeur au ministère du Tourisme, domaine dans lequel la Tunisie venait de s’engager passionnément. Il avait la chance d’avoir des amis dans le domaine, comme Gilbert Trigano, qu’il parviendra à convaincre de créer le Club Med à Djerba, son île natale. Il a été aussi, avec feu Aziz Miled, Mongi Loukil, Abderrazek Khechine et bien d’autres, l’un des pionniers de cette activité qui connaîtra un grand développement au cours des décennies suivantes.
En 1970, Habib Bourguiba Junior, Ahmed Mestiri, qui était au ministère de l’Intérieur, Habib Boularès, alors à l’Information, tous ses amis, l’ont convaincu de prendre la direction de l’Etablissement de la radio-télévision.
Foisonnant d’idées et de projets, il a réussi à s’entourer des meilleurs créateurs de l’époque et de faire une petite révolution, mais l’aventure n’a duré que 9 mois : électron libre, il avait du mal à accepter les interventions politiques et refusait de brimer ou de censurer ses jeunes collègues.
Stand de Cérès Editions à la Foire du livre de Tunis.
Des ouvrages d’une rare qualité littéraire et artistique
C’est ainsi qu’il est revenu à sa passion de toujours, l’édition, et qu’il a fondé Cérès Productions, en 1975, l’un des fleurons de l’édition en Tunisie, au Maghreb et dans le monde arabe, qui a publié des revues de référence comme ‘‘Carthage’’ ou ‘‘Alif’’ et des centaines d’ouvrages de grande qualité. Ayant changé de nom entre-temps, pour devenir Cérès Editions, la vieille maison continue encore aujourd’hui, sous la direction de Karim Ben Smail, le fils cadet du défunt, de faire le beau temps des lettres et des arts en Tunisie.
Feu Ben Smaïl avait une autre corde à son arc : le sport. Il a en effet présidé l’Espérance sportive de Tunis, après la mort de son ami Chedly Zouiten, et le Tennis club de Tunis, où il aimait, jusqu’à il y a quelques années, avant que la maladie ne l’éloigne de la scène culturelle et artistique, recevoir ses amis, avec toujours cette tendresse toute paternelle qui met à l’aise tous ses interlocuteurs.
Mohamed Ben Smail manquera sans doute beaucoup à cette Tunisie qu’il aimait tant, qu’il glorifiait et dont il vantait les splendeurs et les beautés dans des ouvrages d’une rare qualité littéraire et artistique… Cette Tunisie qui lui doit beaucoup car il a contribué à la façonner…
Journalistes, écrivains, artistes… Nous sommes tous ses enfants, nous sommes tous orphelins…
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