La 41e édition du festival international de Djerba Ulysse a démarré, comme prévue, sous la houlette de Mourad Rihane, directeur du comité d’organisation, mardi 17 juillet 2018, avec le spectacle musical ‘‘Djerba invite l’Algérie’’ concocté par le maestro Kaïs Melliti. Est-ce le début de la relance ?
Par Naceur Bouabid *
Un public assez nombreux a tenu à répondre présent pour assister à ce spectacle conçu exclusivement pour le festival. Une pléiade d’artistes s’est relayée sur la scène du théâtre de plein air de Houmt-Souk, Tarak Trojjet, chanteur et professeur de musique à Djerba, le bien connu des Tunisiens et digne représentant de la chanson algérienne, Abdou Deriassa, le virevoltant chanteur tunisien Fehmi Riahi et la talentueuse chanteuse et musicienne algérienne Souad Massi, qui a laissé une partie du public à sa soif, n’ayant évolué, contrainte horaire oblige, que pendant une vingtaine de minutes, peu en somme pour les adeptes convaincus de la chanteuse, venus spécialement pour savourer la douceur de sa voix et la variété de ses styles.
Le festival, on le sait, dure quasiment un mois, pendant des artistes internationaux de renommée doivent se relayer sur la scène du théâtre de plein de Houmt-Souk ou dans la zone touristique. Ainsi, après Marcel Khalifa (21 juillet), de Nassif Zeitoun (27 juillet), Nour Chiba (1er août) et Lina Chamamyan, aujourd’hui, samedi 4 août, le public aura aussi rendez-vous avec le chanteur raï Cheb Khaled (12 août), ainsi qu’avec les artistes tunisiens, Balti (8 août), Hassen Doss (6 août) et Yosra Mahnouch (16 août).
Souad Massi.
D’autres spectacles sont prévus dans le cadre de cette 4e session du festival. Outre la pièce théâtrale ‘‘Draga’’ de Naoufel Ouertani, présentée le 19 juillet, le public a eu droit au spectacle ‘‘Djerba Hkeya’’, qui a été unanimement apprécié l’année dernière lors de sa première présentation publique. Créé et conçu par le talentueux Anis Melliti, et puisé dans le richissime répertoire musical de l’île, dans un esprit de recherche et d’innovation, il n’a pas manqué de susciter l’engouement du public.
Vraie relance et de rupture avec l’irrégularité?
Le festival international de Djerba Ulysse refait surface, après avoir manqué rendez-vous, encore une fois, l’année dernière. Il va sans dire que son long parcours, parsemé d’embûches et de désillusions, ponctué de ruptures et de passages à vide à répétition ont fini par compromettre sa régularité et empêcher son rayonnement et son ascension escomptés. Car, pendant que d’autres festivals, plus récents, gagnaient en régularité, en maturité et en consistance, parvenant à fidéliser leur public et à dominer immanquablement la scène culturelle dans notre pays, le festival d’Ulysse, entre-temps, brillait par son irrégularité et son inconstance. Et chaque fois que le festival donnait l’impression d’émerger, que sa stabilité et sa régularité étaient choses acquises et qu’il était finalement sur la bonne voie vers des lendemains meilleurs, vite ces illusions se dissipaient pour céder la place au vide, et de nouveau à l’incertitude quant à son devenir.
Réconcilier le festival international de Djerba Ulysse avec son île qui l’a vu naître, œuvrer par tous les moyens à lui assurer une pérennité malheureusement toujours défaillante, lui conférer un rayonnement national et international dont il est digne, et ne plus décevoir ce cher public dévoué du festival, tel est l’enjeu pour la réalisation duquel s’attelle l’équipe responsable mise en place composant le comité d’organisation agissant sous l’égide de l’Association du festival international de Djerba Ulysse créée à cet effet, épaulée par une quarantaine de volontaires, entre élèves et étudiants, désireux de faire œuvre utile et déterminés à contribuer à la réussite de cette 41e édition du festival.
Le défi à relever, certes, est grand, mais quand la volonté y est, que les intentions sont saines, et que l’union sacrée autour de ce noble projet de société est de mise, il n’y a plus à craindre pour la pérennité du festival.
Djerba est dans un besoin pressant d’un festival d’été d’envergure, à même de répondre aux aspirations légitimes de la population locale en quête de spectacles d’arts véritables et d’épanouissement culturel, et de correspondre à l’affluence de plus en plus massive des touristes et des visiteurs de tous bords affluant sur l’île.
Le festival international de Djerba Ulysse, pourvu qu’on lui assure la régularité de son avènement et sa pérennité, et qu’on creuse davantage pour adapter la programmation à la vocation qui lui sied, est le mieux indiqué pour combler ce manque.
* Militant associatif et ancien président de l’Association de sauvegarde de l’île de Djerba (Assidje).
Articles du même auteur dans Kapitalis :
Liste du patrimoine mondial : L’Etat tunisien doit bouger pour Djerba
Donnez votre avis