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Des Tunisiennes manifestent pour les libertés et contre l’obscurantisme

A l’occasion de la fête nationale de la femme, des milliers de Tunisiennes, soutenues par leur compatriotes de la gente masculine, se sont rassemblées ce lundi 13 août 2018, à partir de 18 heures, à Tunis, pour défendre les libertés et l’égalité face à la poussée de l’obscurantisme.

Il régnait à l’Avenue Habib Bourguiba une ambiance festive et, surtout, une ferveur militante. Le moment est grave et l’enjeu important: faire face à la montée de l’obscurantisme incarné par les mouvements islamistes qui sont sortis de leur habituelle quête du consensus, pour exprimer, parfois violemment, leur opposition aux propositions de la Commission des libertés individuelles et de l’égalité (Colibe), notamment celles relatives à l’égalité successorale, à la dépénalisation de l’homosexualité et à l’abolition de la peine de mort, y voyant une atteinte à la charia, la loi islamique.

Cette manifestation, qui coïncide avec la célébration du 62e anniversaire de la promulgation du code de statut personnel (CSP), est une réponse à la manifestation organisée, samedi dernier, devant l’Assemblée, au Bardo, par des mouvements islamistes, y compris des dirigeants d’Ennahdha, pour protester contre le rapport de la Colibe et ses propositions jugées contraires à l’islam, dont ils croient être les défenseurs attitrés contre les «mécréants», catégorie dans laquelle ils classent pêle-mêle les progressistes, les libéraux, les gauchistes et les laïcs, bref tous les adversaires de l’islam politique.

L’hymne national, des chants engagés, des youyous et des slogans prônant la liberté ont accompagné la marche des manifestants, qui ont rappelé que la constitution garantit les libertés individuelles et l’égalité et que les propositions de la Colibe visent juste à conformer le dispositif juridique au texte de la loi fondamentale.

Sans surprise, les manifestants s’en sont aussi pris à Rached Ghannouchi, le chef des islamistes, leur habituel poil à gratter, qu’ils ont accusé d’user de double langage, trompant les Tunisiens par ses appels incessants au consensus, présentant un visage avenant aux Occidentaux et se transformant, dans les réunions internes d’Ennahdha, en un islamiste pur et dur.

Les droits en général et ceux de la femme en particulier sont une ligne rouge en Tunisie, un  pays qui se veut moderne et démocrate, ont-ils prévenu.

«Il n’y a pas de place à la charia dans un pays libre comme la Tunisie», lit-on notamment sur l’une des pancartes.

Y. N.

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