Selon les dernières statistiques de l’Institut national de la statistique (INS), l’économie tunisienne a enregistré une croissance de 2,8% durant le premier semestre de l’année 2018 contre 1,9% durant le premier semestre de l’année 2017.
Le gouvernement estime que cette croissance se consolidera au courant du second semestre de l’année, pour approcher un taux annuel de 3% au titre de 2018, ce qui serait une performance rarement atteinte depuis la révolution de 2011 et le ralentissement économique qui a suivi.
Fatma Marrakchi Charfi, professeur à la Faculté des sciences économiques et gestion de Tunis (FSEGT), estime que «la reprise se consolide de plus en plus pour presque tous les secteurs.» Mais tout en soulignant la performance des secteurs du tourisme et de l’agriculture, elle déplore la défaillance des industries mécaniques et électriques et de l’énergie.
Cependant cette évaluation de la croissance à 2,8% durant le premier semestre 2018 , qui est calculée en dinar constant (déduction faite du poids de l’inflation), est estimée trop optimiste voire triomphaliste par certains autres experts économiques, car elle ne tient pas compte de deux facteurs importants : la forte dévaluation de la monnaie nationale et la hausse de l’inflation à des niveaux historiques.
C’est le cas de Mohamed Chawki Abid, ingénieur économiste, qui évoque, à ce propos, la dépréciation continue du dinar, notamment par rapport au dollar, qui fait glisser le PIB annuel au voisinage de 40 milliards de dollars américains, traduisant ainsi «une récession quadriennale de -9,3% (2015), -2,5% (2016), -4,3% (2017) et -3,6% (2018 prévision), ainsi qu’une récession annuelle moyenne de l’ordre de -1,6% entre 2010 et 2018».
Si on est en droit de se féliciter de la reprise de la croissance grâce notamment à la hausse des recettes des exportations agricoles et, à un degré moindre, du tourisme, il n’y a donc pas de quoi pavoiser. Le plus gros reste encore à faire pour faire retrouver à l’économie tunisienne sa dynamique d’avant la révolution. Donc travail, travail, travail…
I. B.
Baromètre EY 2018 : Les entreprises tunisiennes broient du noir… et font de la croissance
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