Selon Sami Ben Slama, président de l’association 23_10, le mouvement islamiste Ennahdha a, à partir de 2012, fait des pressions sur l’Instance supérieure indépendante des élections (Isie) pour empêcher l’enregistrement d’un plus grand nombre de citoyens sur les listes électorales.
«En 2011 et 2014, le mouvement Ennahdha avait fait le plein d’électeurs. Il avait obligé les jeunes ayant atteint de 18 ans parmi ses militants à s’enregistrer. Et s’est arrangé pour empêcher, indirectement, le plus grand nombre d’autres citoyens de s’inscrire sur le registre électoral. Et cela en faisant réduire, puisqu’il était au pouvoir, le budget de l’Isie, ainsi que le nombre de ses agents, de ses bureaux d’enregistrement et des campagnes de sensibilisation des électeurs à l’inscription électorale», a déclaré l’ancien membre du bureau de l’Isie au micro de Cap FM aujourd’hui, lundi 28 janvier 2019.
Selon les chiffres avancés par M. Ben Slama, il y aurait, en Tunisie, selon des chiffres du ministère de l’Intérieur, environ 8,8 millions d’électeurs potentiels, contre seulement 5,3 millions effectivement inscrits sur le registre électoral. Il y aurait donc plus de 3,5 millions d’électeurs non-inscrits, qui ne sont pas favorables à Ennahdha et dont le vote aurait sans doute fait basculer le résultat des élections.
M. Ben Slama a, par ailleurs, estimé que le mouvement islamiste a gâché la première phase de la transition politique en Tunisie, après avoir remporté les élections d’octobre 2011.
En 2012, alors qu’il était au pouvoir avec Ettakatol et le CpR, le parti Ennahdha a fait promulguer une loi lui permettant de contrôler l’Isie, ne fut-ce que par l’élection des membres de son bureau. Ce mouvement avait même rejeté la candidature de certains experts à l’instance, parce qu’ils étaient trop indépendants à son goût ou qu’ils risquaient d’être incontrôlables.
E. B. A.
Tunisie-Sami Ben Slama : L’Isie est politisée et n’est pas indépendante
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