C’est à croire que le député Faycel Tebbini, élu démocratiquement, a perdu la tête : pour exprimer son opposition à l’Aleca, en cours de négociation entre la Tunisie et l’Union européenne, il a menacé de faire condamner le chef du gouvernement à la peine de mort et de le faire fusiller sur la place publique !
Par Yüsra Nemlaghi
Que l’on soit pour ou contre cet Accord de libre échange complet et approfondi (Aleca), pour le moins controversé, et qui risque de constituer une menace pour l’agriculture tunisienne selon plusieurs experts, cela est compréhensible et les avis divergent à ce sujet. En démocratie, on explique, on argumente et on tente de convaincre… Mais pour le député Faycel Tebbini (bloc démocratique), défendre ses idées, c’est les imposer avec haine et violence…
«L’Union européenne veut nous coloniser et je vous préviens, ne signez pas l’accord!», a-t-il lancé, en s’adressant au chef du gouvernement Youssef Chahed, dans une vidéo qu’il a partagée sur son compte Facebook, tout en appelant les agriculteurs à se révolter et à s’opposer à la «nouvelle colonisation ».
«Je le jure devant dieu et devant tous les Tunisiens: si vous signez cet accord et si un jour j’arrive au pouvoir, je vous ferais condamner à mort avec exécution immédiate et vous ferais fusiller sur l’Avenue Habib Bourguiba, à Tunis, devant tous les Tunisiens, car ce serait une haute trahison», a lancé le député, probablement inconscient de la gravité de ses menaces. Puisqu’il a poursuivi, avec le même ton emporté et véhément: «M. Caïd Essebsi, c’est vous qui avez ramené Chahed, et M. Ghannouchi, je vous en embrasse les mains, mais de grâce, ne laissez pas Chahed signer cet accord, autrement on va mourir de faim». Pas moins !
Que peut-on dire après avoir entendu cela de la bouche d’un député de la nation? Rien, sinon déplorer l’inconscience de certains représentants du peuple, comme M. Tebbini, qui n’ont pas le sens de la mesure et ne respectent pas la mission pour laquelle ils ont été élus, confondant débat d’idées et violence verbale.
Il nous restera, peut-être, une consolation : ces chers députés vont tous bientôt quitter les travées de l’Assemblée. Et peu d’entre eux vont vraiment être regrettés.
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