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JTC 2015 : ‘‘ Prénom Masque ’’ entre identité, amour et violence

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Pièce franco-tuniso-libanaise, ‘‘ Prénom Masque ’’ aborde les thèmes de l’identité, de l’altérité et des rapports entre amour et violence.

Par Fawz Ben Ali

La 17e édition des Journées théâtrales de Carthage (JTC 2015) se sont achevées en apothéose, samedi dernier. Durant toute une semaine, le public a eu l’embarras du choix face à une programmation riche et diverse, présentant une panoplie d’expressions théâtrales en provenance des quatre coins du monde. Cette multiculturalité, assumée et célébrée, a souvent été synonyme d’universalité. Pour le bonheur d’un public bigarré, aux attentes multiples et diverses.

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Une enfant de 4 ans avait été trouvée morte au bord d’une autoroute.

Au commencement, un drame

Parmi les pièces qui ont drainé le grand public, ‘‘Prénom Masque’’, présentée le jeudi 22 octobre 2015, à l’espace El-Teatro, à Tunis.

Créée entre la France, le Liban et la Tunisie, cette pièce de théâtre chorégraphique est coproduite par Ma Quête Concept, Compagnie Langajà, Boissy st Leger et le Conseil général du Val de Marne.

Ecrite et mise en scène par Nebil Daghsen, acteur, metteur en scène et poète franco-tunisien, ‘‘Prénom Masque’’ relate un fait divers qui avait eu lieu un matin d’août 1987 en France : une enfant de 4 ans avait été trouvée morte au bord d’une autoroute. Elle portait des traces de violences et de torture.

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De l’obscurité émergent des corps habillés en noir, chargés de cordes autours du cou…

Bouleversé et hanté par ce drame, dont l’affaire a ressurgi en 2012, Nebil Daghsen s’est immédiatement mis à écrire ‘‘Prénom Masque’’. C’était à son retour en France, après avoir pris part aux JTC 2013, avec sa pièce ‘‘Kamikaz’’.

‘‘Prénom Masque’’ est donc inspirée de cette tragique histoire, le but étant de nous la faire découvrir et redécouvrir, pour nous inciter à réfléchir ensemble à travers la parole et le geste théâtral sur cet infanticide, à réinventer les faits et à s’en libérer pour aborder les thèmes de l’identité et des rapports humains, entre amour et violence.

De l’obscurité émergent des corps habillés en noir, chargés de cordes autours du cou, de la taille, des pieds ou des mains. Ils nous plongent dans l’ambiance sinistre qui a suivi le meurtre d’un enfant. Devenu une énigme, ce meurtre n’a pas laissé indifférents des villageois, qui, 27 ans après, en parlent encore.

Un hymne au vivre-ensemble

Dans la stagnation de l’enquête et l’absence de tout indice sur l’auteur du crime, les interprétations affluent de tout bord et les soupçons n’épargnent personne. L’identité anonyme de la dépouille n’aide point à résoudre l’intrigue; elle noie davantage les personnages dans l’incompréhension et le doute.

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Invitation à méditer sur la construction et la destruction de l’identité.

«Qui était cette enfant sans prénom morte torturée? Une Gitane peut-être? Ou une Arabe?» Ce sont les questions posées par les différents protagonistes qui se succèdent tout au long de la pièce et se réinventent au gré des rebondissements.

Ces interrogations ont pris de nouvelles dimensions pour nous inviter à méditer sur la construction et la destruction de l’identité, sur la question de l’étranger, sur la notion de justice et, ce faisant, à explorer toute la complexité humaine dans l’amour mais surtout dans la violence qui remplit les journaux, les plateaux de télévision, les écrans et les scènes de théâtre.

L’enfant abandonnée, privée de prénom, symbolise cette quête d’identité où chacun pourrait se nommer «prénom masque». C’est une pièce qui se bat contre l’oubli et s’offre à nous comme un hymne au vivre-ensemble.

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