Une famille partie aujourd’hui, mardi 11 juin 2019, à l’hôpital Charles-Nicolle à Tunis, pour récupérer le corps de leur mort, a découvert que les yeux du défunt étaient recousus… Le médecin légiste aurait récupéré les cornées pour en faire don, alors que le défunt n’est pas donneur d’organes et la famille n’a pas été prévenue.
Zine, un homme de 34 ans, est décédé hier, et son corps a été transporté à l’hôpital Charles-Nicolle de Tunis pour autopsie. Il a succombé à une crise cardiaque et sa famille devait récupérer le corps pour l’enterrer.
Cependant, à la morgue, ses proches ont découvert que ses yeux étaient recousus… Ils ont interrogé le médecin légiste qui leur répondu qu’un arrêté de la présidence de la république permettait de faire don des cornées récupérées chez des personnes décédées (sic!).
«Il nous a proposé de nous montrer le soi-disant arrêté qu’il avait dans son bureau. Une fois la porte fermée, il a avoué avoir fait don des yeux en affirmant que c’est pour une cause humaine, tout en demandant à ce qu’on n’en parle pas», indique un proche du défunt à Kapitalis, en ajoutant que le médecin les a suppliés de ne pas ébruiter l’affaire.
Mais la famille a décidé de ne pas se taire et a alerté la police et le procureur de la république. «On veut que la police enquête avant de récupérer le corps de Zine , pour que l’affaire ne soit pas étouffée. Les médecins veulent nous faire avaler la pilule et nous pousser à pardonner mais on veut que justice soit faite», ajoute l’un des proches du défunt.
D’autre part, une source sécuritaire a affirmé à Kapitalis qu’une enquête a été ouverte et que la police de la Médina est sur cette affaire qui sera probablement transférée à la police judiciaire de Tunis.
Notons que que l’on peut faire don des tissus oculaires : les globes oculaires sont récupérés et peuvent servir aux soins d’urgence, à l’enseignement et à la recherche, tandis que d’autres seront préservés pour répondre aux besoins des malades en attente d’une greffe de la cornée. Mais la loi exige que chaque citoyen se déclare comme donneur d’organes et cela doit être mentionné sur sa carte d’identité.
Interrogé par Kapitalis, un praticien a indiqué que la loi de 1991 n’interdit pas le prélèvement de la cornée sur des personnes décédées sans l’autorisation de leurs proches, à moins que le défunt s’y soit opposé lui-même de son vivant ou qu’il soit mineur, auquel cas l’autorisation des parents est nécessaire.
Dans tous les cas, l’opération doit être effectuée par un médecin du Centre national pour la promotion de la transplantation d’organes (CNPTO). Et non par un médecin légiste…
Y. N.
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