La Tunisie abordera aujourd’hui, lundi 24 juin 2019, sa 19e Coupe d’Afrique des nations (CAN) face à l’Angola, à partir de 18 h (HT) à Suez, en match d’ouverture du groupe E. Quelques motifs d’espoir, mais aussi des incertitudes qui pourraient coincer la machine.
Par Hassen Mzoughi
La CAN n’est pas une phase intermédiaire mais bien un objectif. Le Mondial 2018 fait partie de l’histoire, le prochain est encore loin, la CAN est donc une compétition très importante. Elle l’est parce que le gros de l’effectif est déjà en place.
Régulièrement en quart de finale de la CAN, les Tunisiens doivent franchir un palier. N’ayant raté aucun rendez-vous continental depuis leur grosse déception à domicile en 1994, en étant sortis dès le premier tour, ils performent soit avec leurs clubs à l’étranger ou avec leurs clubs locaux dont l’Espérance sportive de Tunis ou l’Etoile sportive du Sahel, qui sont fréquemment au sommet de l’Afrique.
La sélection tunisienne dispose de quelques atouts. Bien en place tactiquement, elle s’appuie sur une pléiade de joueurs à la fois techniques et bagarreurs, arrivés à une certaine maturité. Outre l’attaquant stéphanois Wahbi Khazri, à l’origine des 4 buts tunisiens au dernier Mondial, l’équipe est conduite par le nouveau capitaine, Youssef Msakni, dont c’est la 6e CAN (il rejoint au chapitre les Etoilés Ryadh Bouazizi et Kaies Ghodbane, deux des héros de la CAN remportée en 2004) et Wahbi Khazri, aux côtés de Naim Sliti, Anice Badri, Bassam Srarfi, Ghailen Chaalali, Ellyes Skhiri, Dylan Bronn, Wajdi Kechrida, Ayman Ben Mohamed, Rami Bedoui…. Tous attendus pour la performance.
L’animation offensive mais aussi l’efficacité !
Sur le terrain, trois secteurs de jeu peuvent susciter des craintes. Historiquement forte de son bloc défensif collectif, à l’instar de l’équipe championne d’Afrique en 2004, la Tunisie l’est sensiblement moins depuis quelque temps, passant à un jeu plus technique et offensif, avec des latéraux-attaquants (Hamdi Naguez-Ali Maaloul puis actuellement Wajdi Kechrida-Ayman Ben Mohamed) et une animation offensive à 4 avants (Naim Sliti, Youssef Msakni, Wahbi Khazri, Anice Badri (ou Bassam Srarfi), et deux relayeurs, Ferjani Sassi et Ghailen Chaalali, tous des joueurs polyvalents et vifs.
Mais la sélection joue sans un avant-centre à part entière. C’est une interrogation, d’autant qu’il ne s’agit plus de faire tourner l’effectif comme en matches de préparation, mais de jouer et de gagner.
On peut être bons en allant vers l’avant mais encore faut-il se montrer efficaces en concrétisant la moindre occasion favorable. Le problème, ce sont surtout les milieux offensifs qui font la différence. À l’instar du Maroc, la Tunisie manque un vrai buteur… De titulaire indiscutable il y a deux ans, Taha Yassine Khenissi n’est même pas efficace avec l’Espérance Tunis, après avoir terminé meilleur buteur du championnat et de la Ligue des champions 2017.
Les Tunisiens ont plus tendance, vu le système qui se passe d’une pointe de métier, à faire tourner le jeu, à construire, ce qui retarde l’action et avantage la défense adverse. Reste à espérer qu’ils trouveraient l’inspiration, l’espace et… la chance pour faire valoir leurs qualités de percussion !
Réserves sur le gardien de but et la défense centrale
Historiquement forte au poste de gardien de but, la Tunisie l’est sensiblement moins avec Farouk Ben Mustapha (Al-Shabab Riyad). Numéro 3 avant le Mondial, il et devenu titulaire en Russie par défaut parce que Aymen Mathlouthi et Moez Ben Cherifia traversait une période sans…
S’il y a un poste pour lequel Alain Giresse devrait vraiment se poser des questions, c’est bien celui du gardien de but. Le choix sera certainement entre Mouez Hassen (qui reste toujours loin de la compétition à Nice) et l’ex-clubiste Farouk Ben Mustapha. Titularisé face à la Croatie, après une seconde mi-temps face à l’Irak, Hassen semble avoir gagné la confiance de Giresse. Le problème, la hiérarchie n’est pas connue. Ben Mustapha et Hassen, qui est le premier, qui est le second ?
Autre interrogation, la défense centrale. Syam Ben Youssef ayant décliné la CAN, Giresse a opté normalement pour le duo Dylan Bronn-Yassine Meriah, mais sans assurer la totale sécurité, comme on l’a vu face à l’Irak et la Croatie, malgré deux succès tunisiens. Surtout Meriah, le «rugueux» défenseur du club grec l’Olympiakos, dont l’ardeur excessive s’accompagne d’un manque de vigilance dans la couverture et de précision à la relance.
Sur le flanc gauche, la concurrence est féroce entre Ayman Ben Mohamed et Oussama Haddadi. Mais ce dernier sera très vraisemblablement titulaire, après l’éviction controversée d’Ali Maâloul. Sur le flanc droit, Wajdi Kechrida devance Rami Bedoui mais il pourrait être exploité en milieu droit.
Ferjani Sassi est-il à son meilleur niveau ?
La ligne médiane sera orchestrée par Ellyes Skhiri en pivot récupérateur (qui est bon aussi dans la relance), le «Sang et or» Ghailen Chaalali et Ferjani Sassi, en demis relayeurs.
Ferjani Sassi – tout comme Chaalali – est connu pour ses passes de très grande qualité, ses prises de balle incisives et son pressing incessant, mais il revient juste d’une assez longue interruption pour blessure. Est-il à son meilleur niveau ? Même s’il avait reçu le feu vert des médecins, il a été ménagé lors des matches de préparation. Cette paire au milieu a été déterminante lors des éliminatoires. En sera-t-il de même à la CAN ? Autant d’interrogations avant d’entrer en lice en cette CAN 2019.
En équipe de Tunisie et c’est un atout, les joueurs créateurs peuvent jouer au milieu comme en attaque et peuvent beaucoup apporter à la finition.
Aujourd’hui la Tunisie est dans une logique de performance. Elle ira à la CAN pour obtenir des résultats et surtout mettre fin au statu quo, celui de ne pas avoir franchi les quarts de finale depuis son sacre en 2004.
Conscients de l’enjeu, pour la plupart d’entre eux, après un Mondial où ils n’ont pas brillé, les Tunisiens sont devant l’obligation de résultat pour répondre à une grosse attente du public. D’autant que les moyens ont été mis en faveur du staff et du groupe. La Tunisie a des atouts et devrait avoir de l’ambition de viser haut. Sinon à quoi serviraient tous les moyens mis en jeu ? A-t-on nommé un nouvel entraîneur pour obtenir les mêmes résultats ?
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