L’équipe de Tunisie n’a finalement pas démérité en terminant 4e de la Coupe d’Afrique des nations 2019. Son classement aurait pu être pire, vu les moyens dont elle dispose.
Par Haykel Ezzeddine *
Allez, je suis du genre à voir le verre à moitié plein. Oui les Aigles de Carthage sont la risée des Tunisiens. Oui Khazri et ses coéquipiers nous ont donné un spectacle d’une telle mièvrerie qu’on est en droit d’exiger leur scalpe. Oui les trois gardiens sont, comme ont dit en Tunisie, «une tire-lire» ou «une chambre à coucher».
D’ailleurs, les internautes ont attribué à la défense tunisienne le titre de «la meilleure attaque contre son camp», tellement elle laisse passer… les buts ou les facilite «à l’insu de son propre gré»!
Oui, la Tunisie, qui avait enfanté des gardiens de légende comme Sadok Sassi, alias «Attouga», ou Chokri El Ouaer, méritait mieux. Oui le pays tout entier avec tout ce qu’il compte comme cafés et salons de thé, commentateurs éclairés, entraîneurs improvisés, et «Giresse à la petite semaine» est en droit d’exiger des changements dans la gestion des affaires de son équipe nationale, mais en a-t-il vraiment le pouvoir ? Oui, peut-être ont-ils raison (ou peut-être ont-ils tort) ceux qui croient que l’équipe nationale sert les intérêts de quelques uns et profite à quelques autres. Oui, peut-être ont-ils raison (ou peut-être ont-ils tort) ceux qui agitent la théorie du complot et avancent qu’on a cherché à privilégier tel joueur ou tel club au détriment de tels autres.
À tous ces supporteurs patriotes et sincères, je dis, en tant que spectateur neutre vivant à l’étranger: «Les aigles de la banlieue chic de Tunis» ont fait tout ce qui est en leur pouvoir ou dans les limites de leurs capacités pour finir ces joutes africaines à la 4e place, la plus mauvaise certes, mais elle reste meilleure que la disqualification à laquelle les destinaient leurs 3 premiers matches. Ce n’est finalement pas un maigre butin quand on voit la qualité du championnat tunisien et ce qui se passe tous les weekends sur les gradins des stades et dans les coulisses du football.
En d’autres termes, la Tunisie peut s’estimer heureuse d’occuper cette honorable position et je ne vois pas pourquoi on s’échine tant à vouloir le verre plein alors qu’on n’en a pas, objectivement, les moyens.
À la vérité, le miracle tunisien a encore opéré vu les moyens humains limités mis à disposition.
Bravo donc à toute l’équipe, joueurs et cadres techniques pour cette 4e place africaine inespérée et souhaitons à l’Algérie de sabrer, vendredi soir, le champagne de la victoire! Les Fennecs, eux, méritent bien… une coupe.
Quant aux Aigles de Carthage, ils auront le temps de méditer ce qu’il faut bien appeler une défaite et de boire le calice jusqu’à la lie.
* Blogueur et photographe tunisien résidant à Genève.
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