Dans les pays du Sud de la Méditerranée, dont la Tunisie, une formation inadaptée au marché de l’emploi se traduit par un fort taux de chômage. Elle pousse les diplômés à choisir la fonction publique, ou à émigrer.
L’inadéquation entre formation et offres d’emploi, constatée dans les pays du Sud de la Méditerranée, dont la Tunisie, s’explique par un chômage élevé chronique, spécifiquement chez les jeunes adultes, de faibles taux d’emploi, des changements dans les systèmes éducatifs, des frictions sur le marché du travail et des échecs des gouvernements à les aplanir, l’immigration fonctionnant comme une soupape de sécurité, etc.
Les frictions sur le marché du travail sont bien la conséquence de l’inadéquation des compétences, confortée par le constat que les études supérieures sont orientées vers la fonction publique. Malgré une augmentation de la scolarisation, la mauvaise qualité de l’enseignement persiste dans le sud méditerranéen.
«Le taux de chômage des très éduqués a atteint 40% en Tunisie, et même 50% pour les femmes dans ce pays»
Amer constat de Cinzia Alcidi, chercheuse principale et cheffe de la politique économique du CEPS (Centre d’étude des politiques européennes). La formation ne correspond donc pas aux emplois disponibles.
L’importance du secteur public et son attractivité (salaires plus élevés, meilleure protection sociale, garantie de l’emploi et statut), affecte les choix d’éducation, et absorbe les plus talentueux, quand ils ne sont pas tentés par l’émigration.
Selon Eurostat (chiffres 2017), sur le million de jeunes de 18 à 34 ans (Algériens, Egyptiens, Marocains et Tunisiens) présents en Europe, 40% ont un emploi, 42% restent inactifs et 18% se trouvent au chômage. Preuve encore que leur formation ne correspond pas aux besoins des entreprises à l’étranger.
«Connecter les diplômés avec les entreprises»
«Sans coopération entre les 2 rives, nous n’y arriverons pas», d’où l’intérêt d’un programme comme HOMERe (Haute opportunité en Méditerranée pour le recrutement de cadres d’excellence). Son président, Léo Vincent, veut connecter les diplômés avec les entreprises, en leur proposant des stages de 6 mois.
L’appel à projets de la Direction générale Migration et Affaires intérieures de la Commission européenne qu’il vient de décrocher va lui permettre de renforcer l’employabilité des jeunes méditerranéens du Maroc, de Tunisie et d’Égypte. «Le flot des migrations va se poursuivre, il est crucial d’assurer sa gestion», lance Cinzia Alcidi.
Source: Econostrum
Donnez votre avis